La rédaction Guillaume Contré
Articles
L'invention d'une poésie
La poésie française, même déplacée au plus improbable des endroits, n’en finit pas de faire des étincelles. La preuve dans ce guide inattendu.
Le titre annonce la couleur, celle d’une surprise : La Poésie française de Singapour, vraiment ? N’aurait-on pas lu trop vite ? Ne s’agiterait-il pas plutôt de la poésie française du Mercantour ? Pas du tout, c’est bien de Singapour qu’il est question, un endroit où la langue française brille le plus souvent par son absence, et plus encore lorsqu’elle est poétique. Mais si l’autrice, Claire Tching, nous l’affirme, nous ne demandons qu’à la croire. Ou pas, car ce patronyme nous inquiète quand même un peu : de Tching à Tchang, il n’y a qu’un pas et l’Asie, certainement, mérite mieux que cet...
Le don de la vie en suspens
Figure importante de la nouvelle génération argentine, Iosi Havilio donne un tour surprenant à la tradition fantastique.
Sur le même plan d’une incroyable netteté, la raison et la folie se partageaient ma conscience à quelques mètres de distance. » Un homme perd son emploi car son lieu de travail est victime d’un incendie. Forcé par des circonstances dont il aurait sans doute préféré se passer, le voici converti en homme au foyer. S’il n’y avait sa fille âgée d’un an tout rond, il tomberait facilement dans la...
L’art de l’atmosphère
L’édition d’une anthologie des meilleures nouvelles du grand écrivain mexicain est l’occasion de redécouvrir son univers fait de chausse-trappes où se révèlent mystérieusement tant nos angoisses que nos vanités.
Sans prétendre tomber dans le cliché ou le raccourci facile, il convient de dire que s’agissant d’un écrivain tel que le Mexicain Sergio Pitol (Puebla, 1933), la biographie et l’œuvre tendent à se confondre. Ce qui, chez un auteur que l’on présente généralement comme un « écrivain voyageur », ne devrait pas surprendre. Néanmoins, cette définition – comme toute définition, probablement –...
Denise et son maître
Oscillant entre ironie tendre ou mordante et franche émotion, Michel Jullien profite d’une excursion au Ventoux pour écrire de très belles pages sur la relation de l’homme et du chien.
L’homme qui promène son chien dans les grandes villes hérite d’un étrange statut de marcheur. Il n’a rien d’un passant. » De fait, un passant, Paul, le narrateur de ce délicat livre de promenades ne l’est pas. Un roman de parcours plutôt, de trajets et de points de chute qui aborde dans une langue aussi maîtrisée qu’étrange – comprenez : poétique, qui ne conçoit pas la métaphore comme un...
Fable de la grande roue
L’irruption d’un drôle de vélo dans un village allemand du XIXe siècle amène gentiment mais sûrement son lot de bouleversements.
Il y a un genre de fable – de conte si l’on veut – que l’on pourrait définir comme l’apparition inattendue d’un objet étranger au sein d’une petite communauté. Un objet en vérité aussi étrange qu’étranger – un carré enfoncé dans un triangle, qui dépassera toujours un peu – et l’histoire sera alors celle des effets que son apparition entraînera, qui révéleront ce que cette communauté peut...