La rédaction Jérôme Delclos
Articles
Le gotha du paveton
Emil Szittya (1886-1964) dresse le tableau étourdissant de la faune « bohème » des années 1900-1920. Cultissime.
Peintre d’origine hongroise et critique d’art, découvreur de Chagall, ami de Cendrars avec qui il fonde la revue franco-allemande Les Hommes nouveaux et dont il éditera les premiers poèmes, Emil Szittya, « le vagabond de l’avant-garde », a 37 ans quand il écrit Das Kuriositäten-Kabinett. Les curiosités, il les a consignées dans son journal durant les deux premières décennies du XXe siècle : les spécimens d’humanité côtoyés au cours de ses incessants déplacements. Le livre s’orne d’un sous-titre explicite : « Rencontres avec de drôles de phénomènes, des vagabonds, des criminels, des...
Baroque Orénoque
Ample, profond, tempétueux mais aussi riche en reflets et trompe-l’œil comme le fleuve qu’il remonte, Orinoco, de Daniel Bourdon.
De très loin, lit-on qui ouvre le chapitre “La province fantôme”, des livres hèlent le lecteur, puis s’en saisissent, revendiquant frénétiquement une attention qu’on ne saurait donner à d’autres ». Et de fait il arrive que dans le torrent éditorial qui noie en continu les tables des libraires, on tombe, chanceux, sur une petite mais précieuse pépite. C’est Orinoco, d’un écrivain – dix titres...
Un livre
La Tentation de l’Orient
de
Maurice Chappaz
,
Jean-Marc Lovay
La Tentation de l’orient
Pour apprécier la correspondance du vieux Maurice et du jeune Jean-Marc (avec préface de Bouvier et postface de Meizoz), il faut dépasser l’impression de survol d’un livre daté. Un bon demi-siècle après ces années 1968-1969, on suit le kid sur la route de Katmandou, on le lit qui parle, et pépé Chappaz aussi, de hippies, de beatniks, de bouddhisme, d’ashrams, d’anarchisme, du Livre des morts...
La Pêche au toc dans le Tôhoku de Shinsuke Numata
À lire du roman étranger, on n’aime rien tant qu’y éprouver le sentiment d’une presque familiarité. Ainsi, le narrateur de La Pêche au toc dans le Tôhoku et son collègue de bureau « Hiasa » pourraient aussi bien lancer leur ligne dans une eau ardéchoise ou tarnaise, et s’enquiller de la Kro. Sauf que ces deux-là tournent au saké et que du Tôhoku – maigre « canal agricole » où il leur arrive...
Le mort saisit le vif
Il y a des morts qui ne passent pas. Que faire, demande la philosophe Vinciane Despret, de leur « insistance » ? Des œuvres d’art.
Le défunt qui a des comptes à régler revient la nuit – ce que fait le « revenant » – pour durant notre sommeil nous tirer par les pieds. Façon de nous intimer de répondre à la question posée par sa mort. Cette version folklorique du deuil impossible (pléonasme ?) doit être prise au sérieux. « Des morts qu’on espérait tranquilles, dont on escomptait qu’ils acceptent leur sort – qu’ils...