La rédaction Jérôme Delclos
Articles
Une marque allemande
De sa dérive urbaine sur fond de prostitution, Emmy Hennings (1885-1948) tire une brûlante quête de soi. Rude et mystique.
Au XVIe siècle sur le parvis d’une église espagnole, la prieure Thérèse d’Avila fit scandale en haranguant ses Sœurs aux mots de « Nous sommes les putains du Christ ! ». Elle avait fugué du foyer familial à 7 ans dans l’idée très romanesque de « se faire décapiter par les Maures », une seconde fois à 18 pour rejoindre un carmel mondain et peu cloîtré. Prostituée dans la Prusse de 1911, la jeune Emmy, pionnière du dadaïsme, elle aussi fugueuse à 18 ans mais pour suivre une troupe de théâtre ambulant, est une semblable rebelle. Et le début de son « Tagebuch » – un journal – attaque fort lui...
En Lettres Kapitales
Hélène Ling et Inès Sol Salas traquent la production et la consommation de la littérature en capitalisme tardif. Une cartographie de la spectralité.
C’est un livre qui manquait. Ni un pamphlet comme ceux d’André Schiffrin ou d’Éric Hazan, ni une étude universitaire comme Faire l’auteur en régime néolibéral de Jérôme Meizoz (Lmda N°218), Le Fétiche et la plume occupe une place étroite entre l’essai grand public et l’ouvrage spécialisé. C’est bien cette position d’entre-deux qui fait d’abord l’intérêt de la démarche d’Hélène Ling et Inès...
Notre besoin de culotte est impossible à rassasier
C’est une curiosité que l’on manquerait si n’était le titre, irrévérencieux de parodier Notre besoin de consolation est impossible à rassasier de Stig Dagerman, l’écrivain suédois suicidé. Fabienne Radi est helvète, autrice et artiste, et elle a obtenu un Prix suisse de littérature 2022 (pour Email diamant). La quatrième de couverture ne ment pas qui nous dit « Récits, Essais, Poèmes...
Marcel en VOST
Néo-retraité de la psychiatrie, Emmanuel Venet nous traduit la langue de ses anciens patients, mots pour maux.
À propos de « Marcel », le moins que l’on puisse dire est qu’il ne manque pas d’à-propos : de la repartie, du tac au tac, et même de l’esprit dont nous pouvions croire l’« hurluberlu » dépourvu, le sien battant follement la campagne. Ou plutôt les couloirs de l’asile : « Marcel », c’est dès les années 1970 le petit nom affectueux donné par un quatuor de psychiatres à leurs patients...
Théâtre de la catastrophe de François Laplantine
D’un côté la « catastrophe » ou « Expérience des situations extrêmes », de l’autre le théâtre : les deux semblent incompatibles si la première, réputée indicible, ruine d’avance par sa violence la paix, la disponibilité, et tout simplement la parole que suppose le second. François Laplantine, en anthropologue, tente pourtant une réconciliation. D’abord à revenir sur son premier terrain de...