La rédaction Ludovic Bablon
Articles
L'âme à fleur de peau
Pour Daniel Keene, un poème est « la première pression à froid de l’existence. » Ses courtes pièces, elles, sont des essences rares.
Daniel Keene est australien. Né en 1955, il écrit pour le théâtre (il a également été acteur et metteur en scène), le cinéma et la radio. Un premier recueil de pièces courtes, véritables petits bijoux, avait été publié par Théâtrales en 2001. Un deuxième volume de quatorze nouvelles pièces courtes est aujourd’hui disponible qui confirme, si besoin était, que Daniel Keene est l’un des auteurs majeurs d’aujourd’hui. Sa singularité continue de nous surprendre et de nous troubler. C’est étonnant qu’en si peu de pages, le lecteur soit happé par chacune des quatorze propositions. L’auteur...
Un livre
Plaisirs des sports
de
Jean Prévost
Plaisirs des sports
Toute la bête en lui tempêtait et souhaitait le tapis, mais une petite voix humaine, orgueilleuse, domina ce désordre et commanda de faire front« , c’est dans des phrases de ce genre qu’un grand intellectuel de l’entre-deux-guerres rend un hommage au sport encore pensé, de manière aristocratique et classique, comme valeur, recherche de beauté et de maîtrise de soi. Ami avec chaque muscle et...
Du très bon Travail
Décidément, c’est plus fort qu’elle, la revue Conférence ne peut pas s’empêcher de flotter à deux mètres au-dessus du haut du panier. Avec toujours la même excellence typographique, le même beau papier bible agréable au toucher, la même mise en page éclatante de sobriété aérienne, cette seizième livraison maintient l’exigence intellectuelle à son apogée. Ampleur de vue, diversité des auteurs,...
Un livre
Circulaires et ordonnances
de
Général de Poilloüe de Saint-Mars
Un maniaque au pouvoir
Le Général de Pouilloüe de Saint-Mars, délicat dieu de la guerre d’une époque pacifique, était un père attentif pour ses inactifs enfants les soldats. URDLA, en un sobre bouquin un peu trop cher, a rassemblé pour nous la production de ce « littérateur rigolo » (dixit Alphonse Allais) des années 1890. « À 20 ans, les jeunes cavaliers doivent être légers, souples, nerveux, vivaces,...
Bombe atomique
Actes Sud réédite l’œuvre la plus ambitieuse de Don DeDillo. Cinquante ans d’imagerie américaine à l’ère nucléaire revisités en 900 pages, des voitures rose bonbon aux miracles sur Internet. Lire DeLillo et mourir.
Il faut voir Outremonde comme un hangar immense où résonnent pendant cinquante ans les échos énormes de deux détonations distinctes : le 3 octobre 1951, lors d’une finale historique de base-ball qui oppose les Brooklyn Dodgers aux New York Giants, est frappée une balle destinée à traverser l’histoire contemporaine américaine ; le même jour, assistant au match, l’inamovible patron du FBI, J....
Médiatocs – chronique
Au milieu suinte une rivière
Avec les mauvaises recettes du roman de terroir, on a de quoi écrire beaucoup de mauvais romans. Christian Signol en a bâclé un au hasard.
C’est l’histoire… de… trois enfants, et de leurs par… Non, disons-le plutôt ainsi : comme l’indique sa première phrase « Nous étions trois enfants libres et sauvages, heureux comme on l’est à cet âge, dans l’aube sans fin de nos vies », dès le départ La Grande Île est un texte atone. Il tergiversera 230 pages pour nous présenter maximum dix éléments. D’abord, le lieu : rural, près d’une rivière, en Dordogne ; le moment : aux alentours d’une Seconde Guerre mondiale qui ne marmonnera son nom que très sourdement sur quelques pages ; cinq personnages fixes (la famille), plus deux faire-valoir...
Bouz de Moix
L’idée du roman : Mohammed Atta s’est jeté contre les tours parce qu’il manquait de sexe. Ce n’est pas une idée ? Pas grave, ce n’est pas non plus un roman.
On ne peut pas rendre compte de ce livre en faisant comme si on y était entré, comme si on l’avait vécu ; on n’y vit rien, que les artifices de conception habituels du roman de masse. L’auteur a d’abord sélectionné deux grands centres d’intérêt médiatiques et mondains : les nouvelles sexualités, sur le mode du sordide le plus gras, jusqu’à la couenne ; et le terrorisme musulman, via la figure...
Une auteure du dimanche
Femme bafouée, bourreau des cœurs, champ de roses dilué dans un Atlantique de larmes, Christine Orban donne son 13e roman d’avant-garde. Le talent a encore pleuré !.
Quand il découvre le titre du livre : La Mélancolie du dimanche ; le titre du prologue : Dimanche ; la première phrase : Nous étions dimanche ; le titre de la première partie : « Les dimanches sont de longues nuits », disait ma grand-mère ; le titre du premier chapitre : Une lettre un dimanche ? ; puis quand il en a terminé avec cette hallucinante exposition, le lecteur le moins averti a déjà...
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