La rédaction Ludovic Bablon
Articles
L'âme à fleur de peau
Pour Daniel Keene, un poème est « la première pression à froid de l’existence. » Ses courtes pièces, elles, sont des essences rares.
Daniel Keene est australien. Né en 1955, il écrit pour le théâtre (il a également été acteur et metteur en scène), le cinéma et la radio. Un premier recueil de pièces courtes, véritables petits bijoux, avait été publié par Théâtrales en 2001. Un deuxième volume de quatorze nouvelles pièces courtes est aujourd’hui disponible qui confirme, si besoin était, que Daniel Keene est l’un des auteurs majeurs d’aujourd’hui. Sa singularité continue de nous surprendre et de nous troubler. C’est étonnant qu’en si peu de pages, le lecteur soit happé par chacune des quatorze propositions. L’auteur...
Un livre
Jours d’exil (Fragments)
de
Ernest Cœurderoy
Jours d’exil (fragments)
En avant !« Les éditions Cent pages éditent de jolis petits volumes au graphisme original, sobre, aux pages cernées de noir. Parmi ces ouvrages, celui-ci, formé d’extraits de l’édition de 1910-1911, en trois volumes, de Jours d’exil, écrit en 1954 par Ernest Cœurderoy, tout ensemble autobiographie, pamphlet politique et littérature de l’imprécation. Né en 1825, suicidé en 1862, cet...
Un livre
Le Nouveau recueil N°66
Sarrazac, Veinstein, Jourdain, Pireyre, Marie-claire Bancquart (intw)
Bref
Le Nouveau Recueil propose, pour sa livraison printanière, un ensemble thématique consacré aux « radio-graphies » : Alain Veinstein répond avec Seul avec à un entretien autour de son métier et de son livre L’Intervieweur, sur les paradoxes et contradictions que lèvent une voix, entre questions et réponses, monologues et silences. Emmanuelle Pireyre met en scène une émission radiophonique sous...
Un livre
Figures du loufoque à la fin du XXe siècle
Bref
Loufoque« , dérivation de »fou" (fou > ouf > louf > loufoque) en louchebem (la langue secrète des bouchers de la Villette, boucher > oucheb > loucheb > louchebem), est vite devenu, par une loufoquerie évidente, un Loup-Phoque, venu illustrer la couverture de ce catalogue d’études monographiques flirtant plus ou moins avec, le cas échéant, la paraphrase, la prise de tête lexicographique,...
Un livre
Sainte Lydwine de Schiedam
de
Joris-Karl Huysmans
Sainte puanteur
À la petite-bourgeoisie debout, Huysmans hagiographe oppose un catholicisme alité. Suintements de pus au bord d’une langue fleurie et au chevet d’une ascète.
Acculé, selon Barbey d’Aurevilly, à choisir « entre la bouche du pistolet et les pieds de la croix », on sait que le décadent auteur d’À rebours (1884), fuyant la froide monotonie petite-bourgeoise, s’était retiré au monastère de Ligugé, le premier de la Gaule. C’est là qu’il rédigea Sainte Lydwine, en 1901. Ce repli sur les origines françaises signait aussi un retour personnel à l’identité...
Médiatocs – chronique
Au milieu suinte une rivière
Avec les mauvaises recettes du roman de terroir, on a de quoi écrire beaucoup de mauvais romans. Christian Signol en a bâclé un au hasard.
C’est l’histoire… de… trois enfants, et de leurs par… Non, disons-le plutôt ainsi : comme l’indique sa première phrase « Nous étions trois enfants libres et sauvages, heureux comme on l’est à cet âge, dans l’aube sans fin de nos vies », dès le départ La Grande Île est un texte atone. Il tergiversera 230 pages pour nous présenter maximum dix éléments. D’abord, le lieu : rural, près d’une rivière, en Dordogne ; le moment : aux alentours d’une Seconde Guerre mondiale qui ne marmonnera son nom que très sourdement sur quelques pages ; cinq personnages fixes (la famille), plus deux faire-valoir...
Bouz de Moix
L’idée du roman : Mohammed Atta s’est jeté contre les tours parce qu’il manquait de sexe. Ce n’est pas une idée ? Pas grave, ce n’est pas non plus un roman.
On ne peut pas rendre compte de ce livre en faisant comme si on y était entré, comme si on l’avait vécu ; on n’y vit rien, que les artifices de conception habituels du roman de masse. L’auteur a d’abord sélectionné deux grands centres d’intérêt médiatiques et mondains : les nouvelles sexualités, sur le mode du sordide le plus gras, jusqu’à la couenne ; et le terrorisme musulman, via la figure...
Une auteure du dimanche
Femme bafouée, bourreau des cœurs, champ de roses dilué dans un Atlantique de larmes, Christine Orban donne son 13e roman d’avant-garde. Le talent a encore pleuré !.
Quand il découvre le titre du livre : La Mélancolie du dimanche ; le titre du prologue : Dimanche ; la première phrase : Nous étions dimanche ; le titre de la première partie : « Les dimanches sont de longues nuits », disait ma grand-mère ; le titre du premier chapitre : Une lettre un dimanche ? ; puis quand il en a terminé avec cette hallucinante exposition, le lecteur le moins averti a déjà...
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