La rédaction Ludovic Bablon
Articles
L'âme à fleur de peau
Pour Daniel Keene, un poème est « la première pression à froid de l’existence. » Ses courtes pièces, elles, sont des essences rares.
Daniel Keene est australien. Né en 1955, il écrit pour le théâtre (il a également été acteur et metteur en scène), le cinéma et la radio. Un premier recueil de pièces courtes, véritables petits bijoux, avait été publié par Théâtrales en 2001. Un deuxième volume de quatorze nouvelles pièces courtes est aujourd’hui disponible qui confirme, si besoin était, que Daniel Keene est l’un des auteurs majeurs d’aujourd’hui. Sa singularité continue de nous surprendre et de nous troubler. C’est étonnant qu’en si peu de pages, le lecteur soit happé par chacune des quatorze propositions. L’auteur...
Un livre
Corpus Simsi
de
Chloé Delaume
Chloé reboote
Chloé Delaume étant Chloé Delaume, on la retrouve une fois de plus lasse de Chloé Delaume. Elle attend, réfléchit, trouve une solution : devenir un Sims, -devenir un des personnages du jeu vidéo paraît-il le plus vendu au monde, une simulation d’existence dans un contre-univers parodique à force de fausseté.
Avec le jeu commence le livre, abondamment illustré de copies d’écran colorées,...
Un livre
Et hop
de
Éric Arlix
Et… et non en fait
Arlix fixiste a décidé d’occuper pour son deuxième livre le même créneau/credo que dans le premier, à savoir : littératuriser les sabirs. Le texte met en scène un agent « Et hop » dont le rôle est apparemment de défictionnaliser (sic ; quoi ?), et qui évolue dans le même monde surfait, technologique à donf que les personnages du précédent Mise à jour, sauf que cette fois la référence se fait...
Des livres
Cosmopolis
de
Don Delillo
Body Art
de
Don Delillo
Argent, corps, art
Faites de la place dans vos bibliothèques : voici deux DeLillo. Le maître américain a toujours aussi soif des grands espaces thématiques et son art romanesque sophistiqué mais efficace ne donne (presque) pas de signes de fatigue.
Michael Chin était sur le strapontin à présent, (…) calmement occupé à établir une anxiété d’une certaine ampleur ».
Toujours le même profond élan vibratile, toujours la même rumeur fondamentale, le son originel de l’univers, la parole indifférenciée des foules, l’espèce de trame d’atomes quintessencielle de la conscience. Après le nuage de mort toxique de Bruit de fond, l’assassinat répété...
Un livre
Fous d’Artaud
de
Sylvère Lotringer
Fous d’Artaud
Un universitaire de New York revient sur la période 1937-47 de la vie d’Artaud, du voyage en Irlande à l’internement concentrationnaire à Ville-Évrard, des électrochocs de Rodez au laudanum d’Ivry. Dans de bizarres essais pas parfaitement limpides, Artaud fou est expliqué par Artaud affamé et Artaud juif, selon un argumentaire mi-crédible mi-bancal, ou encore il est reçu comme un dadaïste qui...
Médiatocs – chronique
Au milieu suinte une rivière
Avec les mauvaises recettes du roman de terroir, on a de quoi écrire beaucoup de mauvais romans. Christian Signol en a bâclé un au hasard.
C’est l’histoire… de… trois enfants, et de leurs par… Non, disons-le plutôt ainsi : comme l’indique sa première phrase « Nous étions trois enfants libres et sauvages, heureux comme on l’est à cet âge, dans l’aube sans fin de nos vies », dès le départ La Grande Île est un texte atone. Il tergiversera 230 pages pour nous présenter maximum dix éléments. D’abord, le lieu : rural, près d’une rivière, en Dordogne ; le moment : aux alentours d’une Seconde Guerre mondiale qui ne marmonnera son nom que très sourdement sur quelques pages ; cinq personnages fixes (la famille), plus deux faire-valoir...
Bouz de Moix
L’idée du roman : Mohammed Atta s’est jeté contre les tours parce qu’il manquait de sexe. Ce n’est pas une idée ? Pas grave, ce n’est pas non plus un roman.
On ne peut pas rendre compte de ce livre en faisant comme si on y était entré, comme si on l’avait vécu ; on n’y vit rien, que les artifices de conception habituels du roman de masse. L’auteur a d’abord sélectionné deux grands centres d’intérêt médiatiques et mondains : les nouvelles sexualités, sur le mode du sordide le plus gras, jusqu’à la couenne ; et le terrorisme musulman, via la figure...
Une auteure du dimanche
Femme bafouée, bourreau des cœurs, champ de roses dilué dans un Atlantique de larmes, Christine Orban donne son 13e roman d’avant-garde. Le talent a encore pleuré !.
Quand il découvre le titre du livre : La Mélancolie du dimanche ; le titre du prologue : Dimanche ; la première phrase : Nous étions dimanche ; le titre de la première partie : « Les dimanches sont de longues nuits », disait ma grand-mère ; le titre du premier chapitre : Une lettre un dimanche ? ; puis quand il en a terminé avec cette hallucinante exposition, le lecteur le moins averti a déjà...
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