La rédaction Sophie Deltin
Articles
Promesse subversive
Le regard d’insouciance miné par la révolte d’Irmgard Keun, écrivaine allemande à succès des années trente, méconnue en France.
Dans Quand je serai grande, la narratrice, une enfant pétillante à l’imagination insatiable, accumule les bêtises et les infractions à l’ordre petit-bourgeois dont au fil des jours, elle démasque, mine de rien, les cécités et les lâchetés d’adultes. Dans cette chronique bien ancrée dans le contexte de la fin de la Première Guerre mondiale, à travers laquelle on peut déjà déceler les signes insidieux d’une société encline au conformisme et à l’inertie de la pensée, terrain idéal de tous les totalitarismes, la petite fille se heurte en premier lieu au moralisme hypocrite et misogyne de sa...
À corps perdu
Le journal de bord tenu trois années durant par l’écrivain Wolfgang Herrndorf, atteint d’une maladie incurable.
Comment fait-on pour continuer à vivre quand on apprend du jour au lendemain que l’on est condamné ? Comment vivre ce qui reste au fur et à mesure que ce sursis s’amenuise ? En 2010, l’écrivain Wolfgang Herrndorf, né en 1965 à Hambourg, apprend qu’il est atteint d’une tumeur au cerveau. Un effroyable compte à rebours s’enclenche. Conçu à l’origine comme un blog destiné à rendre compte à ses...
Naufragés de Carinthie
Couronné du prix Ingeborg-Bachmann, le roman de Maja Haderlap déchiffre le paysage de la mémoire individuelle et collective de la minorité slovène de ce petit land au sud de l’Autriche. Poignant.
L’Ange de l’oubli se lit comme le retour sur une enfance meurtrie, dans une famille de la minorité slovène en Carinthie autrichienne. La narratrice qui ressemble beaucoup à Maja Haderlap, née en 1961 à Eisenkappel en Autriche et qui vit actuellement à Klagenfurt en Carinthie, se fait le porte-voix, en allemand, des membres de sa famille et des villageois qui ont survécu aux ravages de la...
Charlotte Salomon, par elle-même
Voici enfin publiée, pour la première fois et dans son intégralité, l’œuvre de cette artiste juive allemande réfugiée dans le sud de la France et déportée à l’âge de 26 ans à Auschwitz. Une édition imposante qui rend justice à l’audace d’un talent éminemment original.
L’aura tragique de son destin aura inspiré romanciers (David Foenkinos, mais avant lui et de façon plus pénétrante, Bruno Pedretti, La Jeune fille et la mort, Robert Laffont, 2006), cinéastes et compositeurs d’opéra. Les éditions Le Tripode nous donnent désormais les moyens d’apprécier le génie protéiforme d’une artiste inclassable. Vie ? ou Théâtre ?, Charlotte Salomon l’a composé dans...
Aucun lieu, nulle part
Un homme endeuillé parcourt l’Europe de l’Est pour enterrer les cendres de sa femme suicidée. Entre chant et contre-chant, la Hongroise Terézia Mora compose une puissante épopée du deuil.
Cn vivant peut-il vivre avec un mort, son mort ? Une personne peut-elle cesser d’exister alors même qu’elle continue de vivre ? C’est l’histoire d’un vivant qui est un peu mort : Darius Kopp, terré chez lui et dans son chagrin, n’est plus que l’ombre de lui-même – l’homme né en RDA, installé à Berlin, fort de sa réussite professionnelle et de son couple avec Flora que décrivait Terézia Mora...