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Des plans sur la moquette
La chronique de Jacques Serena
Les articles
Un auteur
Ne pas crever au contraire
Elle me parlait, assise par terre, accoudée à son lit de camp, et je me demandais si elle avait souvent quelqu’un qui restait à l’écouter. Elle se souvenait d’avoir durant tout un été plié et déplié des chaises sur la presqu’île du Brusc, d’avoir peint à la chaîne des champs de lavande en changeant de signature, d’avoir eu pour amies des chèvres et fabriqué des fromages trop salés d’un côté. En fait, une heure avant j’étais tombé sur elle, venue voir un ami à elle, qui était aussi un ami à moi, et s’était avéré qu’elle et moi nous connaissions, d’une autre vie où j’avais vendu sur...
Le sens de la marche
Je suis chez moi, dans mon jardin, fin d’après-midi, quand tout à coup Pauline débarque. Mon amie Pauline, jeune femme mais allure de fille, pas grande, bonnes joues, sauvage, domiciliée chez ses parents. Des années que je la connais, elle venait à mes premiers ateliers d’écriture sur Toulon et reviens dès qu’elle apprend que j’en refais dans le coin. Comme tout le monde aujourd’hui, elle a...
Vrais gens et faux gens
Le pli est pris, quand je finis une série de séances d’atelier d’écriture avec un groupe particulier dans un lieu particulier, j’essaye d’en faire un compte-rendu. C’est pour l’instance qui a initié l’affaire, ou parfois juste pour moi, histoire de moi-même essayer de me rendre un peu compte. Parce que de chaque lieu se dégage une caractéristique, sensible dans le contenu et dans la façon de...
Se faire voir ailleurs
C’est Koltès, je crois, qui disait qu’une famille désunie c’était triste mais qu’il y avait pire : les familles unies. Il le disait sans rire, je pense, en tout cas, moi, je le crois sans peine. Pourquoi est-ce que je remets ça sur le tapis. Sans doute rapport au fait que m’est encore tombé dessus le besoin de bouger. Partir, peu importe où, histoire d’être ailleurs, d’aller voir ailleurs si...
Le train la bibliothécaire et les rats
C’était un soir assez banal, fatigue, torpeur. Les passagers somnolaient ou lisaient. D’un bout à l’autre du wagon, on ne voyait que des têtes baissées. J’étais avec une amie, une bibliothécaire que je venais de retrouver par hasard sur le quai, elle devait rester deux jours dans les parages et je venais de lui offrir l’hospitalité pour la nuit. Je me souviens qu’elle me montrait en riant une...