RUBRIQUE
Des plans sur la moquette
La chronique de Jacques Serena
Les articles
Le sens de la marche
Je suis chez moi, dans mon jardin, fin d’après-midi, quand tout à coup Pauline débarque. Mon amie Pauline, jeune femme mais allure de fille, pas grande, bonnes joues, sauvage, domiciliée chez ses parents. Des années que je la connais, elle venait à mes premiers ateliers d’écriture sur Toulon et reviens dès qu’elle apprend que j’en refais dans le coin. Comme tout le monde aujourd’hui, elle a du mal à tenir le coup, à supporter les conditions, questionnaires, convocations, comptes à rendre, tout ce qui est à tout bout de champ imposé aux jeunes femmes dans son genre, sauf que chez elle...
Vrais gens et faux gens
Le pli est pris, quand je finis une série de séances d’atelier d’écriture avec un groupe particulier dans un lieu particulier, j’essaye d’en faire un compte-rendu. C’est pour l’instance qui a initié l’affaire, ou parfois juste pour moi, histoire de moi-même essayer de me rendre un peu compte. Parce que de chaque lieu se dégage une caractéristique, sensible dans le contenu et dans la façon de...
Se faire voir ailleurs
C’est Koltès, je crois, qui disait qu’une famille désunie c’était triste mais qu’il y avait pire : les familles unies. Il le disait sans rire, je pense, en tout cas, moi, je le crois sans peine. Pourquoi est-ce que je remets ça sur le tapis. Sans doute rapport au fait que m’est encore tombé dessus le besoin de bouger. Partir, peu importe où, histoire d’être ailleurs, d’aller voir ailleurs si...
Le train la bibliothécaire et les rats
C’était un soir assez banal, fatigue, torpeur. Les passagers somnolaient ou lisaient. D’un bout à l’autre du wagon, on ne voyait que des têtes baissées. J’étais avec une amie, une bibliothécaire que je venais de retrouver par hasard sur le quai, elle devait rester deux jours dans les parages et je venais de lui offrir l’hospitalité pour la nuit. Je me souviens qu’elle me montrait en riant une...
Vivre, s’est étranglé le père
Fin avril dernier. Je viens de finir ma lecture publique à Angers. Une fille vient vers moi et me parle, directe, naturelle, rieuse. Et moi, tout de suite, sidéré, capté. C’est peu dire, charmé, carrément, moi. On ne décide rien, je la suis, jusqu’à tard dans la nuit. Je pourrais m’attarder sur quand elle regarde l’église à travers son verre de bière et dit avec gravité : c’est comme ça que...