RUBRIQUE Intemporels
Les articles
Un livre
Planète sans visa
de
Jean Malaquais
Malaquais, bien nulle part
Fresque sociale et historique, Planète sans visa (1947) évoque la cité phocéenne durant les premières années de l’Occupation.
Il existe au moins deux manières différentes de lire ce livre. La première est la plus simple : elle consiste à se jeter dans ce roman sans intrigue et sans protagoniste, qui juxtapose (comme l’a fait l’Espagnol Camilo-José Cela dans La Ruche avec le Madrid de 1942) des séquences narratives de longueur variable, n’ayant souvent rien à voir les unes avec les autres, et qui concernent à chaque fois un nombre limité de personnages (sur la grosse cinquantaine que contient l’ensemble). La seconde a le mérite d’être moins superficielle, et partant plus proche de la réalité historique : le...
Un auteur
Un siècle de sang
Dans ce roman tout en sobriété, Augusto Roa Bastos (1917-2005) s’attaque aux blessures de sa terre natale. Sans complaisance.
Au Paraguay, la vie semble s’être écoulée plus difficilement qu’ailleurs. Plus douloureusement surtout. En témoigne ce premier volet d’une trilogie consacrée à l’histoire (récente) de la société paraguayenne : ce roman enjambe un peu plus d’un siècle, de la dictature exercée par Gaspar Francia (le « Robespierre de l’Amérique du Sud », figure centrale du volet suivant, Moi, le Suprême) à...
Un auteur
L’homme couché
Chef-d’œuvre d’Ivan Gontcharov (1812-1891), Oblomov met en scène un désabusé qui préfère le repos à l’action. Entre farce et cas clinique.
Autant qu’un roman (de mœurs, russe, réaliste, satirique, et admirablement ficelé), Oblomov est un portrait, haut en couleur, du héros éponyme Ilia Ilitch Oblomov, et de sa maladie. Quelle maladie ? L’oblomovtchina, autrement dit l’oblomovisme, ce mélange subtil d’apathie, de léthargie, d’inertie, d’engourdissement, de rêverie inactive, de renoncement à la vie et d’horreur du travail....
Un auteur
Pièces à conviction
Labyrinthique, tentaculaire, et pour tout dire joycien : un roman inclassable de l’écrivain américain Gilbert Sorrentino (1929-2006).
Les premières pages ressemblent à celles d’un roman policier (et d’ailleurs c’en est un : Guinea Red, attribué à un certain Antony Lamont, romancier d’avant-garde) : une maison isolée, et le cadavre encore chaud de Ned Baumont ; à ses côtés, son associé en affaires (éditoriales), Martin Halpin, qui est également le narrateur du roman. Détail troublant : Halpin a beau fouiller sa mémoire, il...
Un auteur
L’Empire du Rêve
Roman fantastique, dérive onirique ou bien cauchemar éveillé ? Plongée dans l’univers halluciné d’Alfred Kubin.
Automne 1908. Le peintre Alfred Kubin (1877-1959), que l’on dit parfois expressionniste (probablement à défaut d’autre chose), traverse une mauvaise passe : épisode dépressif, difficulté à créer, peindre, dessiner… Dans les « Quelques souvenirs de ma vie » (esquisse autobiographique placée en fin de volume), Kubin poursuit : « Rien que pour faire quelque chose et pour trouver un soulagement,...