RUBRIQUE L'Anachronique
Les articles
Créancé devant
Olivier, garde champêtre, a emmené en forêt Moscou, un beau chien, un setter.
- Vaillant, dit-il. Du nez, intelligent… Il ne manque pas d’humour. Pour un peu, il clignerait de l’œil.
L’orang-outang de Bornéo comprend le malaisien, et même le javanais. Mais il se tait pour ne pas travailler.
Moscou ferait un bon compagnon aussi. Malheureusement, il n’est pas créancé. Ni bécasse ni rien…
Créancé ?
Le chien joyeux s’ébat jusqu’au moment où tu lui attaches son collier avec la clochette. Là il se transforme en professionnel, chacun sa spécialité, qu’il poursuivra coûte que...
Encore heureux qu’on va vers l’été
C’était le beau titre d’un volume de Christiane Rochefort, paru en 1975. J’avais soumis à Christiane, un an plus tard, mon premier manuscrit. Elle était assise ce soir-là sur le canapé familial - une banquette que mon père avait piquée dans une Bentley, puis scellée dans du plâtre, l’époque aimait ces trophées de la lutte anti-bourgeoise.
Christiane avait commencé immédiatement de lire mon...
Il y a le ciel, die Sonne und das Meer
En juin, d’un certain point de vue, l’on a annoncé en France le retour de discrets migrateurs - discrets, aimables, mesurés et timides souvent, les Allemands. Au beau milieu de l’année ont eu lieu en effet les épreuves du bac philo. Depuis des milliers de bureaux s’est élevé un appel muet, qui convoquait Hegel, Kant, Heidegger, Nietzsche. « Non, pas ces deux derniers », m’assure un être...
Planter son mai
Mai, de Maïa, l’une des Pléiades, une divinité sub-olympique. Les Romains imaginaient en effet, entre l’Olympe et la surface du sol, le vaste espace occupé par des dieux. Les principaux étaient l’Aurore, le Soleil, la Lune, les Astres, le Feu et les Vents. On peut voir à l’œil nu les Pléiades la nuit. Le nuage interstellaire qu’elles éclairent les enveloppe d’une gaze émouvante. Même de loin,...
Un copain en or
Baisse la tête quand mars arrive. Le gros de l’hiver est passé, mais subsistent quelques jours retardataires. On craint près de Bordeaux le marz martera (qui cogne). Il tue, dit-on, les vaches, les veaux, et même les mairaus (gardiens). Ce doit être le choc thermique, comme pour les orangers ou les fuchsias.
Je n’ai pas éprouvé la peur du manque, cette année. De n’avoir plus rien à croûter,...