RUBRIQUE Poésie
Les articles
Je deviens (séances) de Jean-Marie Gleize
Parmi maints essais sur la poésie, dont le fameux Poésie et figuration (1983) ou encore À noir. Poésie et littéralité (1992) ainsi que ses travaux sur Francis Ponge, Jean-Marie Gleize a publié une série de livres de poésie (de Léman [1990] à Trouver ici [2018]) dont le champ d’interrogations, de réponses, de positions, paria sur une poésie dite « négative », voire sur ce que le programme de sa revue Nioques appela plus tard « post-poésie ». Programme auquel le travail de JMG se tint, mais très en biais, ou qu’il déborda toujours. Insistant sur quelques obsessions profanes (la nudité, la...
Un livre
Couleur jardin
de
Jacqueline Held
Jardin secret
Entre les herbes du jardin de Jacqueline Held poussent de drôles de plantes : immortelles au parfum d’enfance, oyats des sables de l’été, pins anthropomorphes. Un jardin rempli de bruits et de couleurs où le chat se promène entre deux ondées. « L’ombrelle des pins/ grandit en ombres chinoises./ Tu devines à travers les branches/ la vieille femme au fichu/ qui te suivait dans ton...
Deguy vivant
Gisants montre que le poète travaille depuis trente ans à « mettre ensemble des choses qui n’ont pas été mises ensemble ». Fulgurant.
Il n’est pas rare de voir Michel Deguy traverser la place Saint-Sulpice à Paris, là où trois jours du mois de juin donnent à la poésie son marché. Né en 1930 à Paris, professeur de philosophie, voilà plus de trente ans que cet homme lui consacre les sept jours de chaque semaine de sa vie, qu’il s’agisse de veiller aux numéros de la revue Po&sie (Belin), de traduire -de Heidegger (Approche de...
La proie et l’ombre
Entre le silence et la parole, les deux derniers recueils de Franck André Jamme ne choisissent pas.
D’une part, les figures proposées du guépard, du serpent ou de l’épervier : l’animal caché derrière la phrase, dans sa force instinctive fondant sur sa proie, dans l’infinie justesse du tueur. Flèche et cible confondues, dans l’évidence d’une fulgurance. Assurant le chasseur de sa prise...
Le père bégayé
Avec une langue qui bafouille quand elle ne s’attache pas aux balbutiements de l’enfance, Pas revoir dévoile l’émotion d’un deuil indicible.
On sait le langage inadéquat à dire le monde. Les mots seulement capables de circonscrire une émotion sans jamais parvenir à en révéler ni la profondeur ni la violence. Face à une expérience indicible, comme ici la mort du père, il ne resterait donc que le silence, une parole mensongère (à dire autre chose que ce à quoi on s’est attaché) ou un maladroit balbutiement. Valérie Rouzeau a choisi...