Un livre

L' Avantage de la parole

Illustration(s) de Marc Couturier

de Franck André Jamme

Editions Unes

Entre le silence et la parole, les deux derniers recueils de Franck André Jamme ne choisissent pas.
D’une part, les figures proposées du guépard, du serpent ou de l’épervier : l’animal caché derrière la phrase, dans sa force instinctive fondant sur sa proie, dans l’infinie justesse du tueur. Flèche et cible confondues, dans l’évidence d’une fulgurance. Assurant le chasseur de sa prise encore remuante, au tranchant de la sentence alliant le mystère du haïku, quelques formulations stupéfiantes : « Comme si la percée soudaine, à la verticale, vers le très haut ou le très bas, pouvait de quelque façon être douce ».
D’une part, un volume au titre clair, tout en subtiles variations, musicales, comme de simples mais lumineuses notations, des esquisses crayonnées dans le très grand respect du blanc de la page : Encore une attaque silencieuse.
D’autre part, dans un registre légèrement différent, avec L’Avantage de la parole un livre qui dans une manière propre à l’auteur mêle la poésie à la prose, pour tenter de dire comment certaines phrases sont l’avancée la plus extrême de soi, dans un monde renouvelé : « Or tu savais pourtant aussi, depuis toujours, que toute expression vraiment grande n’était pas seulement unique mais presque sans aucun passé, aucune histoire. Était une chose nouvelle. Infiniment. »
On retrouve dans ces deux livres cette simplicité désarmante, par laquelle le poète s’essaie à la magie de ses énoncés, quelque peu amusé, distant, mais conscient du pouvoir que lui confère l’innocence à laquelle il s’applique.
Surgie de l’ombre, c’est en pleine lumière que son écriture terrasse sa proie, pendant quelques secondes nous laissant voir rien moins que « Le cadavre de la mort ».

L’Avantage de la parole et
Encore une attaque silencieuse
Franck André Jamme
Editions Unes
65 et 103 pages, 81 et 96 FF