Il est temps de rendre à la littérature son identité réelle, c’est-à-dire ce questionnement souterrain et inconscient de la recherche du sens fondamental. Sous les formes dont elle voudra bien s’approprier mais dont le sens aura une résonance profonde et durable. La littérature pour Alain Nadaud « se place délibérément en marge des termes traditionnels de l’échange » et elle « n’est pas une marchandise à part entière car elle n’a pas pour objet de répondre à une demande préétablie ».
Dans un argumentaire en 36 points, Nadaud montre comment la société marchande essaie de pervertir celle qui « délivre des messages cryptés » propres à mettre en péril son système fondé sur l’usure forcenée des objets pour la récupérer et annuler son pouvoir. Les écrivains y contribuent également davantage de leur image et de leur carrière que de laur oeuvre. Il sperdent pour la plupart ce goût de se « mesurer à l’impossible » pour ne laisser que des produits de purs divertissements remplacés aussi-tôt par d’autres tout aussi insipides. C’est que pour Nadaud,le roman « code son époque, c’est-à-dire qu’en ses multiples facettes, il capte et enregistre ce qu’un individu particulier, appelé » écrivain « ,perçoit en elle de plus caractéristique ». Ce livre est une sonnette d’alarme qui doit résonner dans l’esprit de chaque élément du système comme une sirène pour ne pas dériver vers l’inconscience « car les choses en soi n’ont pas d’existence et ne sont rien si elles ne sont relayées, mises en évidence et portées par les mots, les couleurs et les sons ». Dont acte.
Malaise dans la littérature
Champ Vallon
112 pages, 75 FF
Dossier
Alain Nadaud
Dérive
avril 1993 | Le Matricule des Anges n°4
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