Comment dire les choses. comment les dire sans tomber dans les écueils des idées et des images reçues ? Ce défi est à la base de la réflexion et de l’oeuvre de Francis Ponge. Confronté au dilemme e vouloir dire la chose par un langage qui lui est irréductible, il situe la création poétique dans l’espace entre les mots et les choses. Elles, elles se tiennent en suspens dans la parole, comme le volet entre la position jour et celle fermée de la nuit. Et dans l’intervalle, le volet vibre. Il suffit d’entendre son appel. Quant aux mots, ils doivent repasser par la gorge comme pour la première fois. Être attentif au monde muet et « rendre gorge aux mots », tel est la recette pongienne de « l’objeu ». La poésie prend ainsi son départ dans la langue, avant la parole, à partir de la chose à dire.
Ce long cheminement est savamment décortiqué par Henri Maldiney, qui n’épargne aucun mécanisme linguistique pour montrer comment la simple description du pré n’est pas aussi évidente qu’ellenous apparaît a priori. La leçon pangienne est double : un regard neuf sur le monde et un redécouverte ontologique de la langue française qui, en plus d’un « instrument naturel de communication », est aussi « notre moyen de vivre ».
Le vouloir dire de Francis Ponge
Henri Maldiney
Encre Marine
200 pages, 130 FF
Domaine français Les mots pour dire de Ponge
avril 1993 | Le Matricule des Anges n°4
Un livre
Les mots pour dire de Ponge
Le Matricule des Anges n°4
, avril 1993.