La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Dossier Pierre Michon
L’Origine du monde

octobre 1993 | Le Matricule des Anges n°5

Pierre Michon écrit actuellement L’Origine du monde dont deux chapitres sont édités par la revue Théodore Balmoral (trois l’ont été à la N.R.F.). En voici un court extrait.

Dans cette odeur de femme ils se faisaient face un moment. Une fois de plus chacun vérifiait la souveraineté de l’autre, l’acolyte ; chacun voyait sur la tête de l’autre l’invisible plume de sachem grâce à quoi l’on passe à travers les mailles de la loi. Et, quoique chacun ne s’efforça pas d’élargir la même maille du filet, ne passât pas par le même pertuis, quoique leurs empires donc fussent bien différents, ou parce que justement ils l’étaient, l’un ne prenait pas ombrage du règne de l’autre, chacun était à la fois le roi de l’autre et le sujet de l’autre : ainsi pouvaient-ils être amis, c’est-à-dire qu’indiscernablement ils se défiaient et se pardonnaient, que l’envie et le respect se partageaient leurs cœurs, et que le respect l’emportait d’un cheveu.
Ils vérifiaient cela, Jeanjean debout regardant entre les mains de l’autre le tranchant ténu des hameçons, imaginant à leur place le grand trident ; et l’autre, assis, avait à hauteur des yeux le pantalon comme foulé dans la terre des genoux à la taille. Et peut-être qu’enfin Jeanjean levait haut la main, lentement, et montrait à l’autre ce monde qui leur appartenait : ce monde voué à l’hiver avec un soleil pâle émergeant des brumes et découpant la grange, les trous de la falaise, la brèche de la Beune, leurs ombres à tous les deux sur le mur de la grange ; et un moment il se foutaient du monde, sans un mot. Ils se le partageaient et exultaient. Cela ne durait pas longtemps ; ils n’avaient pas de mots pour aller plus loin : ils n’étaient après tout que deux petits paysans bravaches, même si l’un était frotté de paléontologie, deux petits paysans perdus dans ce monde trop grand pour eux ; mais, comme il arrive, ils avaient retourné la situation et faisaient mine d’être trop grands pour le monde.

Cet article est réservé aux abonnés.
Auteurs, critiques, interviews, dossiers thématiques: découvrez tous les contenus du Matricule des Anges.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?