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Domaine étranger L’oeil charnel de Tejera

juin 1995 | Le Matricule des Anges n°12 | par Emmanuel Laugier

Paris-Scarabée

L’écrivain cubaine Nivaria Tejera fut découverte en France par Maurice Nadeau qui publia aux Lettres Nouvelles en 1958 son premier roman, Le Ravin, désormais réédité chez Actes Sud. De ce premier livre dans lequel Nivaria Tejera revenait sur l’incarcération de son père dans les prisons de Franco, puisqu’elle vécut d’abord sur les îles Canaries, à Somnambule du soleil (Lettres Nouvelles, 1970), marqué par son exil de Cuba dans les années soixante, Nivaria Tejera aura traversé plusieurs fois les océans. Quittant sa ville natale en 54 pour Paris, y revenant en 1959 lors de la révolution socialiste (il y eut alors cette grande fête avec, entre autres, Michel Leiris), elle sera d’abord secrétaire d’État à la culture de ce pays, puis attaché culturel à Paris, à Rome, avant de rompre définitivement avec Cuba lors de l’avènement du Parti unique en 1960. Entre temps, Nivaria Tejera n’a jamais cessé d’écrire, de la prose, mais aussi de la poésie, et d’être publiée, à Cuba (trois recueils de poésie entre 1949 et 52, ainsi que son roman Le Ravin en 1959), puis exclusivement en dehors de son pays, jusqu’à aujourd’hui où paraît en France un premier recueil de poésie, Paris Scarabée. Écrits entre 1954 et 1959 dans cette même ville, les poèmes de Nivaria Tejera ne sont pas abstraits ni maniéristes, mais directs, abrupts ; ils s’apparentent à un « Torrent de la vue » dans lequel la ville apparaît par flashs, éclatée. Le quotidien s’y marque avec insistance : « La nuit brûle sur le toit transparent du marché/près d’un chat qui surveille la cuisson/D’un poulet/(…)brûle (…)/Dans mes os/Dans la poêle/Dans ma tête pourrie ». Le ton est donné, Tejera, c’est cette violence coupante, un langage « frappé d’images », dans lequel toute la concrétude des odeurs, des lieux, des pans du réel, se marque face à la solitude, au temps qui inéluctablement fuit : « Pour que le temps tombe goutte à goutte sur les carreaux/Ne s’échappe pas/Ne se perde pas/je vais y mettre une coupe un chiffon/Ma tête assoiffée »

Paris-Scarabée
Nivaria Tejera

Traduit par Nicole
Laurent-Catrice et l’auteur
Ulysse fin de siècle
50 pages, 100 FF

L’oeil charnel de Tejera Par Emmanuel Laugier
Le Matricule des Anges n°12 , juin 1995.