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Entretiens « Je ne peux que rire de moi-même, si je me vois en train de bricoler du roman. »

février 1996 | Le Matricule des Anges n°15 | par Mehdi Belhaj Kacem

Pierre Michon et Mehdi Belhaj Kacem ont, chacun de son côté, inscrit l’écriture dans un processus charnel d’une rare violence. Porteur, chacun, de pas mal d’estime pour le travail de l’autre, ils se livrent ici dans cette correspondance comme il leur a été peu souvent l’occasion de le faire. Premier volet d’une correspondance de deux exigences littéraires qui savent ne pas s’épargner.

Mehdi Belhaj Kacem : Il y a toujours eu chez vous une défiance extrême à l’égard non seulement de la technicité littéraire, mais aussi à l’égard de la technique tout court ; ce qui a fait de votre œuvre la seule contemporaine à accéder au chant -ou en tout cas à ma connaissance à l’atteindre à ce point. En vous engageant dans l’ambitieux projet de L’Origine du monde, il vous était difficile d’esquiver l’implication technique ; d’où l’avortement apparent de ce projet.
Ma question est donc la suivante : par quelle aberrante inconscience, ou par quelle autre raison, vous êtes-vous lancé dans l’écriture d’un grand œuvre, lors même que vous ne pouviez vous résoudre aux modifications radicales dans l’écriture et la démarche que
L’Origine du monde exigeait ?


Pierre Michon : J’en use comme tout le monde, de la technique littéraire, évidemment : seulement je m’efforce qu’elle soit à mon service, et non pas moi au sien.
Dans des unités courtes et chargées telles que sont mes historiettes, la technique demeure esclave de ce qui m’importe, c’est-à-dire la tension, l’émotion, la rapidité d’exécution, l’ivresse énonciative, le sentiment de miracle, quelque chose aussi comme une sorte d’intelligence fugace qui brièvement s’annexe tout ce qui n’est pas elle -toutes causes de ce que peut-être vous appelez le chant. Dans cette pratique et de moi-même et de la langue, la technicité littéraire m’est aussi consubstantielle et asservie que la main qui tient mon stylo : c’est une servante stylée, on n’y pense pas. Mais il va de soi que dans les constructions longues et mûrement pensées, où la tension et la quasi-intelligence ont le temps de respirer, de reprendre pied, de marquer la pause, bref de retomber, alors la technicité, la fabrique, la crapulerie romanesque, l’intelligence complaisamment éprise d’elle-même -toute cette dégoûtation soudain l’emporte et prétend régner sur moi et mon texte, ce que je ne saurais accepter sans accepter aussi une chute phénoménale de potentiel. Et ne croyez pas que ce soit une question de morale ou de décision : non, c’est que le stylo me tombe des mains et que je ne peux que rire de moi-même, si je me vois en train de bricoler du roman.
L’œuvre longue -ce qu’on appelle aujourd’hui roman- c’est l’acceptation du relatif, de la jactance, du travail ; c’est un jeu de copules et de brouillage des points de colle qui font tenir ces copules ; on touille et trafique son texte, on le décolle du moment absolu à la faveur duquel il est né : on fait ce qu’on appelle très justement un produit. Et il y a toujours quantité de bons apôtres qui me disent : alors, ton grand roman, c’est pour quand ? C’est sans doute la meilleure façon de me demander de rentrer gentiment dans le circuit avec un bon produit. Mais parfois je cède, je fais semblant d’écrire un long roman, et ça donne des projets comme L’Origine du monde.
Cela dit, il est tout à fait évident que si un jour je peux tenir sans fabrique mon...

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