Prenez un gant, retournez-le et observez sa doublure, coutures, fils tirés et autres marques. Les moines vivent le retournement, l’envers de la vie, dans le détachement, la prière, le don de soi total. Jean-Louis Poitevin, auteur d’essais sur Julien Gracq ou Robert Musil est allé confronter son scepticisme, sa force de vie à la ferveur de ces moines vivant sur le Mont Athos et les îles environnantes. Il en ramène des notes qu’il a puisées très loin au fond de lui-même, d’une finesse, d’un détachement extrêmement humbles et singuliers, qui nous aident à comprendre le refus du corps, le grand chavirement dans la prière et qui n’empêchent pas le grand soleil du rire de carillonner lorsque au milieu d’un ossuaire, l’auteur déclare : « En de tels endroits, il semble bien impossible de s’abandonner à une méditation sur la mort. C’est plutôt un rire à peine retenu qui éclate ou un sourire plus amusé qu’inquiet qui rassemble les lèvres. Cela l’avenir ! Non, pas l’avenir, simplement ce qui adviendra après que le corps sera froid. » L’Envers de la vie, un de ces petits livres intelligents, lucides et fervents qui n’ont pour seule ambition que de nous aider à vivre parce qu’ils nous aident à mourir, dans le tumulte du monde.
Éditions Joseph K
88 pages, 65 FF
Domaine français L’Envers de la vie
juin 1996 | Le Matricule des Anges n°16
Un livre
L’Envers de la vie
Le Matricule des Anges n°16
, juin 1996.