La soixantaine, Nadiéjda vit seule dans un petit trois-pièces à Paris. Sur la toile cirée, elle éparpille une poignée de photos : des parents d’origine juive, son enfance à Belleville, la rafle, l’assistance publique, ses pauvres amours, ses gosses, une mère un peu tarée. De cette existence traversée à cloche-pied, un brin misérable, Belloc dresse le portrait sensible et délicat d’une femme digne, presque embellie par le temps. Mais c’est tout. Ce livre, qui semble avoir été vite écrit, a l’apparence d’un procès-verbal : distant et mesuré. En choisissant le parti pris d’une narratrice, Belloc rend compte, mais sans se frotter beaucoup aux personnages. Sa langue habituellement âpre et crue manque cruellement de vigueur. Pire : les longues et incessantes descriptions iconographiques intercalées dans le roman font l’effet d’un profond anesthésiant. On conseillera plutôt de relire Néons, son premier texte, paru en 1987, que ce même éditeur a réédité cette année.
Balland
142 pages, 80 FF
Domaine français Un collier de chien
décembre 1996 | Le Matricule des Anges n°18
| par
Philippe Savary
Un livre
Un collier de chien
Par
Philippe Savary
Le Matricule des Anges n°18
, décembre 1996.