Dans Célébration du quotidien, Colette Nys-Mazure écrit l’ordinaire de sa vie de femme, de mère : une accumulation de lieux communs sur lesquels s’attendrit l’auteur (le genre beau souvenir revu et corrigé -petite larme !). Si l’on s’obstine malgré tout dans la poursuite de cette lecture, on appréciera, émergeant de la mièvrerie environnante, ce fil tendu tout au long du livre : l’intense nécessité, le plaisir de se dérober aux autres, au temps, un moment pour l’écriture tôt le matin sur un balcon, tard le soir dans la cuisine, dans la chambre d’une amie gravement malade : « Elle s’en va parfois. Loin des autres, tous. Se donne congé, se livre à elle-même au ventre d’une maison étrangère… Se retire pour éprouver si la vie la traverse encore. » Ces moments volés nous offrent des textes riches de sensations, d’émotions. Mais l’écriture reste encombrée de clichés et étouffe sous un lyrisme désuet : « la gare… les innocents, les solitaires y dérivent…Vallée de larmes, creuset de joies ».
En parallèle de ce soporifique goutte-à-goutte des jours, Colette Nys-Mazure insère à la fin de chaque chapitre un instantané du quotidien d’Élisabeth, son amie en train de mourir d’un cancer. Phrases pudiques auxquelles l’amitié et la dignité apportent une beauté sans maniérisme. Ce sont ces textes-là qui sont le véritable coeur du livre.Signalons également que Colette Nys-Mazure a obtenu en novembre 1996 le prix de poésie Max-Pol Fouchet pour son recueil Le For intérieur dont la première partie, des textes en prose, est la meilleure (tout au moins la moins mauvaise). On se fatigue vite de la suite : des poèmes enfermés dans les faux silences et les grandes envolées mal maîtrisées qui ternissent l’éclat de ce qui dort sous les mots.
Colette Nys-Mazure
Célébration du quotidien
Desclée de Brouwer, 174 pages, 82 FF
Le For intérieur
Le Dé bleu, 108 pages, 75 FF
Poésie De la bienséance avant tout
juillet 1997 | Le Matricule des Anges n°20
| par
Corinne Robert
Un livre
De la bienséance avant tout
Par
Corinne Robert
Le Matricule des Anges n°20
, juillet 1997.