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Poésie Malle de bois et d’abondance

juillet 1997 | Le Matricule des Anges n°20 | par Hubert Delobette

Il aura passé sa vie à se fuir et à peupler sa solitude de personnages imaginaires. Autant de masques sur le visage de Fernando Pessoa.

Visages avec masques

Partir à la rencontre de Fernando Pessoa, c’est s’inviter aussi à une délicieuse chasse au trésor. C’est débusquer, dénicher entre des lignes, sous des paragraphes, à l’intérieur des mots ou au milieu des pages de véritables morceaux d’anthologie. Cette chasse au trésor, d’autres ont dû la vivre bien plus intensément. Ceux qui ont ouvert religieusement, un glacial matin d’hiver, la malle mystérieuse et poussiéreuse du grand poète portugais. Car aussi étrange qu’il y paraît maintenant, n’a été publié du vivant de Pessoa (un an avant sa mort, en 1934), qu’un tout petit recueil poétique, Message. Pour le reste, cette vieille malle de bois dans laquelle le poète avait rangé tous ses écrits, ne cesse depuis sa mort de livrer du papier qui se transforme en or. Avec les nombreux recueils de vers et de prose qui paraissent régulièrement, la gloire posthume qui entoure le petit homme de Lisbonne ne cesse depuis de se développer. Ce qui fait même dire aux éditions Méréal en guise d’avertissement : « Il peut paraître surprenant de rééditer Visage avec masques, alors que les éditions Christian Bourgois ont publié neuf volumes de Pessoa et que les éditions de la Différence s’apprêtent à sortir les oeuvres complètes du poète«  »Non ! », a-t-on envie de rétorquer bruyamment. Car découvrir Pessoa à la faveur d’une publication, c’est partir à coup sûr pour un long et luxuriant voyage. Et c’est là peut-être le premier paradoxe de cet ouvrage. D’une manière obsédante, enivrante, revient le thème du voyage dans les écrits de Visage avec Masques. « O mer salée, de ton sel quelle part/ Est faite des larmes du Portugal !/ Parce que nous t’avons franchie/ Que de mères ont pleuré ». Or, on sait que nul ne fut plus sédentaire, casanier et attaché à son pays que Pessoa. Autre surprise de taille dans Visage avec Masques : on découvre au fil des pages des poèmes signés de Ricardo Reis, Alavaro de Campos, Alberto Caeiro…, autant de noms dont s’est affublé Fernando Pessoa et qui font l’originalité de son oeuvre. L’énigme de l’identité tourmentera sans cesse le poète jusqu’à sa mort. « S’il m’avait voulu, le Créateur/ De ce monde désiré,/ Autre que je suis,/ Tout autre, il m’eut créé ». Son traducteur, Armand Guibert, raconte la naissance des hétéronymes de Pessoa : « Ce fut le 8 mars 1914, dans un état d’extase, que ce bohème, ce myope, ce gagne-petit sans façade sociale, jeta sur le papier, debout, sans interruption, ni ratures, une quarantaine de poèmes dont chacun suffirait à faire la gloire d’un inconnu ! Ces divers écrits portaient des signatures différentes ». D’Armand Guibert, on en parle aussi abondamment dans Visage avec Masques. « Poète lui-même, il a consacré sa vie à Pessoa et a sacrifié son oeuvre personnelle pour le traduire et le faire connaître ». Dans l’ouvrage, ce dernier explique longuement ses rapports avec le poète portugais et la façon dont il l’a traduit. « Il est certain que le cas de Pessoa pose un problème extrêmement complexe : le traduire, c’est traduire une demi-douzaine d’auteurs. Je l’ai éprouvé pendant des années, et si j’ai une certitude, c’est celle de n’avoir pas totalement surmonté cette difficulté ». De cette rencontre de mots et de maux, est né ce recueil à l’essence rare.


Hubert Delobette

Visage avec masques
Fernando Pessoa
Traduit du portugais par Armand Guibert
Éditions Méréal, 255 pages, 140 FF

Malle de bois et d’abondance Par Hubert Delobette
Le Matricule des Anges n°20 , juillet 1997.
LMDA PDF n°20
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