Un livre

Histoire étrange du chien

de Christophe Ferré

Je reviens toujours à ces images de mort« . De la première phrase à la dernière, d’une noyade à l’autre, la mort ne cesse de hanter le deuxième roman de Christophe Ferré (La Chambre d’Amour est publié chez le même éditeur). En l’espace d’une centaines de pages battues par les vents et la pluie, le jeune narrateur nous entraîne dans des paysages de désolation où l’on pourrait croire qu’il fait presque toujours froid et nuit. Et la météo de son paysage mental n’est pas tellement plus engageante.De père inconnu, orphelin de mère et de soeur - tuées dans un bombardement en 1916 dans la Somme - le garçon perd la jeune tante qui l’élevait, alors qu’il n’a que sept ans. Soudain la luminosité poétique des premières pages s’obscurcit. »Alors je suis jeté comme un chien dans les poubelles de la vie« .D’orphelinats en pensions religieuses, l’enfant subit les événements dans une sorte d’hébétude, comme étranger au monde, comme absent à la vie. Plus familier des morts dont il va fleurir les tombes avec le très étrange frère Saturnin que de cette dame bon teint, tout entière occupée aux bonnes oeuvres »pour la renaissance française« (selon les voeux d’un certain maréchal) et qu’il a décidément bien du mal à appeler Maman. L’une ou l’autre femme pourtant viendront fugitivement briser le silence. »J’ai envie d’emmener la jeune fille dans une chambre pour l’aimer jusqu’au bout. J’ai envie que ce soit fini tout ça, cette vie sans lendemain, ce long sommeil« s’écrit-il au seuil des premiers émois, avant que la mort ne le rattrape finalement.Littéralement traumatisé dès les premières lignes, le narrateur avance dans le récit comme en état de choc. Pareille à un cauchemar, dans un style rapide et dense, cette très brève »Histoire étrange du chien« , inscrite entre deux guerres, peuplée de fantômes et de superstitions, résonne d’un profond désespoir. »C’est une drôle de chose ce temps qui passe comme ça, pour rien, ces hommes qui attendent ce qui n’arrive jamais" écrit enc
Histoire étrange du chien Christophe Ferré
Arléa126 pages, 95 FF