En quelques titres déjà « explicites » (De la connerie, Du malheur de trop penser à soi, Le Génie à l’usage de ceux qui n’en ont pas), Georges Picard s’est emparé d’un genre délaissé : le pamphlet. Tout m’énerve s’inscrit dans le même registre : parler de la bêtise ambiante sans aigreur ni nostalgie. Nourrie de philosophie et de littérature, la pensée de Georges Picard l’est surtout de bon sens. Cet énervement ne sombre pas dans la colère : pour un tel désir d’indépendance d’esprit -et une telle preuve de celui-ci- il faut plutôt aller voir du côté des « penseurs libres » comme Henry David Thoreau. « Un académicien proclamait récemment que ce qui justifie l’écrivain, c’est la recherche incessante de la justice et de la vérité. Formule attrayante -attrayante et arbitraire. Fixer un objectif, fût-il noble, à l’artiste n’a jamais abouti qu’à une sclérose de la pensée créatrice », écrit Georges Picard. Ce livre est à l’image de cette contre-vérité énoncée. Et sa vérité est sûrement la vie qui s’en dégage à chaque page.
Tout m’énerveGeorges Picard
Éditions José Corti 196 pages, 95 FF
Domaine français Tout m’énerve
novembre 1997 | Le Matricule des Anges n°21
| par
Marc Blanchet
Un livre
Tout m’énerve
Par
Marc Blanchet
Le Matricule des Anges n°21
, novembre 1997.