Artie Cohen, quadragénaire cultivé, se retrouve plus ou moins en rupture de ban avec son emloyeur : la police d’état. Il évolue dans New York avec aisance et refuse totalement ses racines. Vingt-cinq ans après avoir quitté l’U.R.S.S., le passé ressurgit. Son oncle Gennadi, ex-dignitaire du K.G.B. est assassiné lors d’un show télévisé. À qui profite le crime ? Qui est ce tueur dont la peau part en lambeaux ? La mafia russe, parfaitement intégrée à la vie américaine, contrôle Brighton Beach et se livre au plus effrayant des trafics, la contre-bande de combustibles nucléaires. Artie poursuivra ainsi le mystérieux mercure rouge et ses passeurs atomiques jusqu’à Moscou pour découvrir que « l’information est plus précieuse que les armes… la télévision plus dangereuse qu’un missile balistique intercontinental ». Alors qui contrôle la peur ?
Parfaitement documenté, mêlant fiction et éléments d’actualité, ce premier roman d’une journaliste alterne actions rapides et descriptions panoramiques des communautés émigrées russes, juives, chinoises dans un style très cinématographique. Reggie Nadelson propulse héros et lecteurs dans un formidable accélérateur de particules. Mais à trop subir, ces derniers se noient dans les incessants rebondissements de l’intrigue que ni les aventures sentimentales d’Artie (d’une extrême platitude) ni la sauvagerie des tueurs, ni les descriptions flamboyantes de la décomposition de la société russe ne parviennent à relever. Quant à la dénonciation de la toute puissance télévisuelle, « Nos médias sont amoraux. Ils donnent au public ce qui l’amuse, avec notre complicité. », un demi-siècle après Georges Orwell, elle prête à sourire. Divertissant, mais sans âme.
Mercure rouge, Reggie Nadelson
Traduit de l’anglais par Michel Doury
Christian Bourgois, 420 pages, 130 FF
Domaine étranger Canular atomique
novembre 1997 | Le Matricule des Anges n°21
| par
Dominique Aussenac
Un livre
Canular atomique
Par
Dominique Aussenac
Le Matricule des Anges n°21
, novembre 1997.