Le Toulonnais Léon Vérane a atteint une postérité mitigée. Depuis son décès survenu en 1954, son oeuvre était restée en berne jusqu’à ce qu’une anthologie préparée par Robert Houdelot vienne remettre en lumière cette personnalité marquante de la poésie française de la première moitié du siècle.Léon Vérane est né en 1886. D’abord secrétaire de Stuart Merril, il fonde avec Francis Carco, Tristan Derème et Philippe Chabaneix le groupe des Fantaisistes qui coopte en 1913 un chef de file, Paul-Jean Toulet. Vérane est bibliothécaire lorsqu’il créé les Facettes en 1919, une petite revue qui fait parler d’elle. Selon Carco, elle recherchait la « liberté spirituelle et sentimentale qui permette de donner au monde des aspects imprévus ».
Rendu à la vie civile pour absences répétées, le poète se fait aubergiste à l’instar du lointain Paul Harel (1854-1926). Il se promeut « poète gargotier » et chante dans des « odelettes » légères les plaisirs de la vie. Bâtis sur des vers classiques, ses poèmes disposent des vertus d’une expression vivante, d’une vision moderne et d’ambiances colorées : « Que c’est folie/ De pleurer sur ses vingt ans !/ Dans la source Castalie/ Mettons fraîchir le vin blanc. » Comme Louis Brauquier à Marseille, Vérane subit le charme des hautes mers. « Les hommes tatoués dont les larges poitrines/ S’ornaient d’oiseaux et de serpents ;/ Les hommes tatoués dans l’auberge marine/ Choquaient leurs verres en chantant » Mais sa véritable aventure fut celle de l’amitié. De Bars au Promenoir des amis, elle envahit ses recueils. Quant à son credo - « Les livres de quelques poètes/ Une pipe, un flacon poudreux/ M’ont suffi pour changer en fête/ D’humbles jours sous de calmes cieux. » - c’est celui d’un parfait épicurien.
Les étoiles et les roses Léon Vérane
Maison de poésie (11bis, rue Ballu, 75011 Paris)101 pages, 70FF
Poésie les vaisseaux du comptoir
novembre 1997 | Le Matricule des Anges n°21
| par
Éric Dussert
Un livre
les vaisseaux du comptoir
Par
Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°21
, novembre 1997.