Après Nadine Mouque (Gallimard Série Noire) et deux polars parus l’an dernier (Vinyle Rondelle ne fait pas le Printemps, Série Noire, et Ouarzazate et mourir, Le Poulpe - cf. lmda N°18), Hervé Prudon change de cap : La Femme du chercheur d’or, récit autobiographique, nous présente un idéaliste, auteur prolifique qui a toujours eu « un bon découvert à la banque et un épais nuage de dettes sur la tête », et qui, étouffé « dans ces cinquante mètres carrés », part vers le Sud à la découverte de chercheurs d’or, histoire de fuir Paris, la banlieue, la vie noyée « vingt mille lieues sous l’amer », les festivals où l’on est invité pour « fai(re) semblant d’être un écrivain ».
Là-bas, il rencontre François, Janine, Robert, et les autres. Doutes, illusions, déceptions, au pays où les touristes sont « trop maladroits pour la poterie et trop fainéants pour le rafting », et il apprend finalement que les chercheurs d’or n’existent pas ; « (ils) n’ont d’ailleurs jamais existé » tranche Pierre, le chasseur.
Parfois cynique, Hervé Prudon fait preuve aussi de plus de tendresse, d’humanité. Homme plutôt qu’écrivain, qui dit « porte(r) en bandoulière (son) enfance qui ressemble à un petit singe mort », il erre, sans but précis, dans ce Sud profond où, si l’on ne « se bourre (pas) au bar », on « se barre du bourg ».
La Femme du chercheur d’or est un splendide récit, parfois drôle ou touchant, à l’écriture abrupte, souvent violente, mais où les digressions philosophiques côtoient sans heurts les éclats d’humeur(our ?) de l’auteur.
Hervé Prudon joue avec les mots, se crée un langage vivant, torturé mais d’une grande beauté. De l’or.
La Femme du chercheur d’or
Hervé Prudon
Flammarion
246 pages, 98 FF
Domaine français A la recherche du sud
janvier 1998 | Le Matricule des Anges n°22
| par
Olivier Roinsol
Un livre
A la recherche du sud
Par
Olivier Roinsol
Le Matricule des Anges n°22
, janvier 1998.