Matéi Visniec, dramaturge, poète et journaliste est né en 1956 en Roumanie. Il écrit une vingtaine de pièces, toutes censurées par le régime totalitaire de l’époque. En1977, il vient en France, demande l’asile politique et travaille alors comme journaliste à Radio France Internationale. Depuis il a obtenu la nationalité française, écrit toutes ses pièces en français et est devenu l’auteur le plus joué en Roumanie.
Dans ces deux textes, le journaliste se met au service du dramaturge. L’actualité est un matériau de départ pour l’écrivain. Matéi Visniec vit pleinement son époque. L’humain le passionne avec ses failles, ses dysfonctionnements. Dans Paparazzi, à la suite d’une explosion cosmique, une odeur de fin du monde plane. Et cependant, les hommes restent prisonniers de leurs obsessions, leurs habitudes, leur folie. Les paparazzi continuent de pourchasser les ébats sexuels d’une star. Visniec crée tout un monde de figures, « l’Homme pour lequel la naissance a été une chute », « la Femme qui veut partir en train » emprisonnés dans leur propre mécanique, autistes, dérisoires. Seul, à la fin de la pièce, un distributeur de boisson paraît pouvoir s’émouvoir.
La Femme comme champ de bataille est inspirée de la guerre et du drame bosniaque. Deux femmes, Kate, une Américaine, psychologue auprès des équipes de fouilleurs de charniers, et Dorra, une jeune femme violée, vont essayer d’expulser la mort, parfois avec violence. Un texte dérangeant. Pour Visniec « dans les guerres interethniques, le sexe de la femme devient un champ de bataille ». Une pièce comme un cri, un fil de funambule tendu entre la vie et la mort, comme dans cette scène où Dorra, enceinte, « parle » à son ventre, à son enfant et en même temps à son violeur.
Visniec nous accroche avec son univers fort, de pudeur et de violence mêlées.
Paparazzi/ La Femme comme champ de bataille
Matéi Visniec
Actes Sud-Papiers
106 pages, 90 FF
Théâtre La guerre au corps
janvier 1998 | Le Matricule des Anges n°22
| par
Laurence Cazaux
Un livre
La guerre au corps
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°22
, janvier 1998.