Les deux récits qui composent ce petit volume de Yôcho Ogawa ont un caractère commun : ils ne racontent rien, ou plutôt leur prétexte est infime.
Dans le premier, la narratrice échange quelques mots, tout en promenant son chien, avec un homme qui, accompagné de son fils, contemple le réfectoire d’une école. Dans le second, elle retrouve un ancien camarade de classe lors d’un enterrement et lui rend visite.
Deux rencontres qui ne mèneront nulle part mais qui, parce qu’elles donneront accès à certains aspects de la vie intime des protagonistes, auront pour la jeune femme un fort retentissement intérieur.
Pour décrire les circonstances et exprimer leur écho dans la pensée, les phrases de Yôcho Ogawa se suivent à une allure tranquille avec une grande économie de moyens. Toutes simples, elles semblent saisir d’emblée dans le réel les traits qui en donnent la signification la plus juste. D’où cette netteté, cette concision, mises la plupart du temps au service d’une subjectivité délicate et profonde.
L’art de l’auteur se rapproche beaucoup de celui d’autres écrivains japonais contemporains dont le domaine de prédilection se porte sur le versant intime de la vie, comme pour faire contrepoids à une vie extérieure contraignante et brutale, délibérément rejetée hors de leurs préoccupations.
Cette littérature intimiste, sans prétention à l’originalité, plonge le lecteur dans une atmosphère qui tend à affiner sa sensibilité. Dès lors, peu importe le récit. Seul compte le cours d’une narration où la perception sincère des pensées et des sentiments aussi bien que la saisie précise des impressions les plus ténues exercent sur nous une action émouvante et véritablement formatrice.
Le Réfectoire un soir et
Une piscine sous la pluie
Yôcho Ogawa
Traduit du japonais
par R.-M. Makino-Fayole
Actes Sud
110 pages, 85 FF
Domaine étranger Intimité japonaise
janvier 1999 | Le Matricule des Anges n°25
| par
Christian Molinier
Un livre
Intimité japonaise
Par
Christian Molinier
Le Matricule des Anges n°25
, janvier 1999.