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Histoire littéraire Les fortes têtes

janvier 1999 | Le Matricule des Anges n°25 | par Éric Dussert

Autour du Crapouillot, 1919-1958

Entre les mains de l’extrême-droite depuis les années 1970, Le Crapouillot, naguère brillant, a sombré dans l’insignifiance. Voilà pourquoi il faut rendre grâce à Georges Ferrato de ressusciter ses heures glorieuses à travers une sélection d’articles et de correspondances échangés entre 1919 et 1958 par le directeur Jean Galtier-Boissière et son rédacteur Henri Béraud.
Fondé en 1915 dans les tranchées par Galtier-Boissière (1891-1966), Le Crapouillot est à l’origine un autre Canard enchaîné, un journal non conformiste de soldat révolté par l’incurie de ses chefs. Son créateur est un fils de famille parisienne. C’est aussi une forte tête opposée à tous les puissants que des penchants libertaires conduisent à forger une publication urticante et brillamment polémique.
En ouvrant ses pages à Henri Béraud en 1931, le jovial et perspicace Galtier-Boissière s’adresse à un pamphlétaire chevronné dont le style n’est jamais aussi limpide et puissant que lorsqu’il fustige les artistes au rabais, « nécessiteux de réclame », ou telle « onctueuse crème de salaud ». Leurs relations, d’abord professionnelles, sont bientôt amicales. Effet du vin qui coule à flot lors des joyeux Dîners du Crapouillot à Montmartre, quartier « des molles catins, peintes comme des tasses ». Mais le temps passe et les parcours de ses tempéraments bien trempés divergent.
Hier petit journaliste lyonnais, « le Gros » Béraud (1885-1958) est promu reporter de première classe. Le « socialiste sincère » (Gus Bofa) vire sa cuti lors des émeutes du 6 février 1934 et s’inscrit, embourgeoisé, dans le rang des partisans de l’ordre, du pouvoir et de l’argent. Galtier-Boissière ne peut l’admettre. La rupture du « vieux Crap’ » et de l’ « obèse mondain » est consommée dans des volées de bois vert. Il faut attendre la condamnation à mort de Béraud en 1945 lors d’un procès inique pour que Galtier-Boissière vienne au secours de son vieil ami emprisonné. Chronique d’un double destin, parcours d’une amitié, Autour du Crapouillot témoigne des talents de chacun. Telles pages contre « Martin du Gard par Béraud du Rhône », telle violente diatribe de Galtier-Boissière contre le critique « littéraire » Frédéric Lefèvre rendent le son libre d’une époque où les polémistes savaient briller.

Autour du Crapouillot,
1919-1958
de Jean Galtier-Boissière et Henri Béraud
Du Lérot
239 pages, 195 FF

Les fortes têtes Par Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°25 , janvier 1999.