Enfant bâtard de la beat generation et d’Isidore Ducasse, F. J. Ossang ne cesse de courir le monde, caméra et stylo au poing. D’un séjour de deux mois en Amérique du Sud, il a ramené ce livre aussi nerveux que pessimiste. Loin des récits de voyage à l’anglo-saxonne, Les 59 Jours ne prend guère le temps de l’arrêt sur image. C’est un télescopage de visions, un sampling de phrases arrachées au magma de la langue, qui couvre les pages d’un journal halluciné. Le desperado cinéaste (L’Affaire des divisions Morituri ou Docteur Chance) court après les images d’une humanité mondialisée : « Le monde rétrécit. Les desperados n’ont plus d’espace respiratoire. » Oppressé et légèrement paranoïaque, le bonhomme découvre près des terres australes un paysage qui ressemble à son Auvergne natale : le voyage se change alors en une sorte de quête du retour aux sources où se dévoile une naissance étrange et chamanique. Sans concession, Ossang alimente son récit d’un lyrisme électrique qui se déchire sur les récifs d’une conscience aiguë. Comme si, dans la frénésie de la langue et du voyage se chorégraphiait une danse pour séduire la mort.
Editions Diabase
(B.P. 31 - 22 130 Plancoët)
142 pages, 98 FF
Domaine français Les 59 jours
mai 1999 | Le Matricule des Anges n°26
| par
Ulysse Gaillard
Un livre
Les 59 jours
Par
Ulysse Gaillard
Le Matricule des Anges n°26
, mai 1999.