Un livre

Manuel de chasse et de pêche à l’usage des filles

de Melissa Bank

Editions Rivages

Manuel de chasse et de pêche à l’usage des filles, tel est le titre alléchant du dernier roman de l’Américaine Mélissa Bank. « Drôle à la Woody Allen » ne craint pas de surenchérir la quatrième de couverture. Malheureusement, le produit s’avère des plus insipides. Voire un tantinet avarié. Encore très prisée par certaines arrière-cuisines éditoriales, la recette de ce bloubiboulga aux prétentions satyrico-littéraires est aussi simple que réchauffée. Prenez une jeune femme moderne bien dodue, faites-la mariner dans un jus familial conventionnel. Ajoutez un bouquet garni de lieux communs, une noix de remarques percutantes (« Les homos ont horreur des femmes », « Un garçon ça dort n’importe où s’il est vraiment fatigué »). Ainsi qu’une liaison filandreuse avec un écrivain alcoolique, et un soupçon de doutes professionnels. Etaler le tout sur une pâte feuilletée, savamment élaborée par des strates narratives parfaitement indigestes. Saupoudrez chaque chapitre d’aphorismes cocasses et décalés, tirés d’ouvrages passéistes pour épouses modèles. Incorporez un sachet d’auto-dérision lyophilisée. Pour se faire, il suffit de porter l’héroïne à ébullition, via la lecture d’un best-seller prêté par une amie compatissante : Comment rencontrer l’homme idéal et l’épouser. A force de suivre le fameux manuel, elle ne tardera pas à roussir. Retirez-la prestement du feu, et faites-lui rencontrer un dénommé Robert. Elle lui susurrera un émouvant : « Tu aimes les chiens autant que moi », et permettra à l’auteur de mitonner la plus poignante des envolées lyriques qui ait jamais clôt un ouvrage : « Nous sommes tous deux la proie et le chasseur, le poisson et le pêcheur. Nous sommes le »steak-homard« du jour avec frites. Nous sommes deux éphémères s’accouplant par une belle nuit d’été ». Les Brontë n’ont qu’à bien se tenir. Et les lecteurs à faire leur stock de pastilles Réni.

Manuel de chasse et de pêche
à l’usage des filles
Mélissa Bank
Rivages
Traduit de l’américain
par Françoise Cartano
245 pages, 125 FF