La poésie… C’est, chez moi, une vieille hantise, mais depuis longtemps je confie à la prose le soin de l’accomplir.« Lionel Bourg cerne sa démarche avec lucidité, ajoutant des pages de journal et un essai à une œuvre forte d’une vingtaine de courts volumes.
La rédaction d’Une absurde fidélité peut-être… est entamée au début de la maladie fatale de son père. Le texte se dévoile par fragments, colle à l’image de l’homme qui écrit. Privé brutalement du repère paternel, prenant conscience de la fragilité de ses racines, c’est comme si Lionel Bourg tentait par l’écriture de rassembler à nouveau les éléments qui constituent son corps. Une forte sensation d’impuissance habite le texte. L’ensemble est souvent bouleversant, la notation toujours saisie à vif comporte de graves interrogations : »Le destin, serait-ce cela ? Ce à côté de quoi systématiquement l’on passe.« L’auteur est hanté par »le désir de sens face à ce qui n’en a plus.« On croise au long du texte les figures attachantes d’autres poètes, comme celle de Charles Juliet ou d’éditeurs (Gérard Fabre, Jacques Brémond).
Travail de commande, Torches d’ombre est le texte d’une conférence prononcée par l’auteur sur le thème »La mine, ténèbres et lumière dans la littérature des XIXe et XXe siècles« . L’essai comporte trop de citations, pas moins de 89, dépassant parfois une page, sur un total de 60 feuillets. La dissertation ne captive pas. Manière d’état des lieux proposé par »un écrivain vagabondant de livre en livre", cette conférence gagnait certainement à être perçue dans l’instant de sa lecture, dans sa transmission à voix haute. De là à en faire un livre…
Lionel Bourg
Une absurde fidélité peut-être…
La Dragonne
92 pages, 85 FF
Torches d’ombre
Paroles d’aube
72 pages, 60 FF
Domaine français L’intime plus que la mine
mars 2000 | Le Matricule des Anges n°30
| par
Benoît Broyart
Des livres
L’intime plus que la mine
Par
Benoît Broyart
Le Matricule des Anges n°30
, mars 2000.