Horizontaux ou verticaux, les poèmes de Jacques Moulin trouvent leur rime dans les gravures minérales de François Ravanel (qui évoquent des champs vus du ciel), et dans la composition du texte, en blocs rectangulaires. Verticaux lorsqu’ils évoquent la falaise, lieu de l’enfance et de séjours réguliers probablement. Horizontaux, lorsqu’il s’agit des prés et du jardin. Verticaux comme le père remuant la terre, horizontaux comme son corps, enterré là, entre ciel et mer : « il me faut retrouver la source de mes morts. » Mais le deuil se livre tout entier à la nature estivale, aux herbes que l’on sent, à « la prune (qui) rêve d’encre/ le verger de fruits ». La langue de Jacques Moulin se fait matière, lourde de glaise ou de fruits. Elle se densifie lorsque le regard qui la porte prélève sur le paysage une infime part : une feuille, une herbe. Loin des éclats du silex, Valleuse se recouvre du blanc laiteux de la craie.
Cadex
Gravures
de François Ravanel
63 pages, 75 FF
Poésie Valleuse
mars 2000 | Le Matricule des Anges n°30
| par
Thierry Guichard
Un livre
Valleuse
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°30
, mars 2000.