Voilà plus de cinq ans qu’Armando Llamas n’était pas revenu à Paris. Juste avant de prendre son avion pour l’Espagne où il vit, l’écrivain nous donne rendez-vous place Gambetta, à deux pas du Théâtre de la Colline où il a travaillé avec Jorge Lavelli dans les années 80. Installé au Café du Métro, derrière ses lunettes noires -une coquette plaisanterie qu’il enlèvera dès notre arrivée- Armando Llamas observe la vie parisienne s’agiter au dehors. Il parle, parle, parle… opérant mille digressions, entre anecdotes et coups de gueule, dont il s’excusera à la fin de l’entretien. « Ça fait tellement longtemps que je n’ai pas parlé. » Armando Llamas revient de loin, de son village natal Santibanel del Bernesga, dans la province espagnole très rurale de Leon, où il est retourné vivre au plus terrible de la maladie. Le sida, il l’affiche franchement. Avec ce même sans-gêne naturel qui fait de ses pièces autant de traités corrosifs et rapides (il aime bien ce mot) sur l’amour, la modernité, la différence, l’intolérance. La maladie lui a d’ailleurs inspiré, entre autres lignes bien senties, l’« histoire drôle » des Trente et une Pièces autobiographiques qui viennent de paraître aux éditions des Solitaires intempestifs en même temps que Meurtres de la princesse juive, son quatorzième texte pour la scène, est réédité par Théâtre Ouvert (dix ans après la version en tapuscrit) qui ouvre ainsi une nouvelle collection, Enjeux, de pièces augmentées de commentaires. D’un ouvrage à l’autre, c’est la même écriture ramassée, le même éclatement des styles et des contingences espace-temps à l’appui d’une structure qui ne laisse rien au hasard. « Un de ces êtres qui prennent le désordre et la cacophonie du monde comme un vivier », note Stanislas Nordey qui a mis en scène les Quatorze Pièces piégées. La multiplicité de l’œuvre fait la singularité du bonhomme. Né en 1950 en Espagne, Llamas apprend sa langue maternelle en Argentine d’où l’accent qui aujourd’hui encore le rend étranger à sa propre terre. Dès 1965, il s’essaye à tout : journalisme, peinture, théâtre, il joue et écrit des chansons pour différents interprètes dont les Rita Mitsouko. À son arrivée en France en 1973, il signe des articles dans plusieurs journaux -Le Monde, Libération, Le Magazine littéraire- et des scénarios avant de se tourner vers le théâtre. Il écrit et met en scène ses pièces, travaille à l’administration du théâtre de l’Athénée de 1979 à 1981, puis comme dramaturge de Claude Régy aux Ateliers contemporains ; il est aussi lecteur pour la revue L’Action théâtrale, conseiller pour la revue du Théâtre national de la Colline et conseiller artistique des rencontres de Brou à Bourg-en-Bresse en 1990. Suivront des années de quasi-silence. Dans son village du nord-ouest de l’Espagne, il écrit Trois Pièces rupestres et Sept Matrices publiées dans les Trente et une pièces autobiographiques. En août dernier, à l’invitation du metteur en scène Michel Didym, Armando Llamas fait une brève apparition aux...
Entretiens Trente pièces à Llamas
janvier 2001 | Le Matricule des Anges n°33
| par
Maïa Bouteillet
Retour sur les planches du dramaturge Armando Llamas après des années d’absence avec des petites formes à jouer : une trentaine de textes très courts et plus corrosifs que jamais.
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