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Domaine français Bains de mère

avril 2001 | Le Matricule des Anges n°34 | par Thierry Guichard

Perfection

Dans la récente production de L’Amourier, il est un livre qui tranche pour sa singularité. Signé LJH (pour Le Jeune Homme), Perfection fait confiance à la langue pour sortir le lecteur hors des sentiers battus de la prose. Ni roman, ni poème, ni récit, ce livre-là s’offre entièrement à une liberté débridée de l’écriture et de l’imaginaire. Nous sommes dans une ville balnéaire où les marées de la mer épousent l’alternance du jour et de la nuit. Où « d’humides marcheurs font longtemps leur recherche de robes d’algues à porter dans les soirées par leurs épouses industrielles. » Nous sommes ici dans une sorte de limbes de la conscience que traversent lumineux et drôles les dialogues du narrateurs et de sa mère : « - Mère ? - Oui. - Je vais me mettre dans une attitude de refus. - Ah oui ? » Le narrateur remplit parfaitement les fonctions que la juvénilité lui ordonne : fils rebelle attaché à sa mère, étudiant qui court « à longs pas lents vers les salles enchanteresses du bâtiment B », sa beauté lui a permis de trouver une compagne « endormie dans l’anarchie ». Même si l’on pense à Lautréamont, Rimbaud et au Prigent d’Une phrase pour ma mère, force est de constater que ce livre là rafraîchit le paysage littéraire contemporain. On reste baba devant certaines métaphores et comparaisons abracandabrantesques : « tu es là comme le beurre rance dans un frigo en procès de canonisation » ou encore « il court vers la plage nue avec sa mère comme seul vêtement à sa solitude infinie. »
Il faut donc se laisser prendre dans cette marche aussi souple que rapide, qui rythme tout le livre. Accepter d’être décroché au milieu d’une phrase par un changement abrupt de paysage ou de pronom (on passe du il au je et au tu avec une aisance de chat de gouttières). La phrase, la langue possèdent une force d’évocation insoupçonnée que le jeune écrivain (né en 77) ne cesse d’éprouver par des images aussi fantastiques que poétiques. Ainsi d’un rêve sylvestre en compagnie de sa décidément très fantasmée mère : « le fils rebelle la suit sur une biche blanche lancée dans un grand galop blanc, et quand au soir la mère s’endort dans les mousses brunes, le fils prodigue referme doucement la porte de la forêt et, s’asseyant à une place inhabituelle, commande une bière blonde au bar. » Servez-le ! C’est nous qu’il régale. Et buvez à la santé de L’Amourier qui a su dégotter là une incontestable voix.

Perfection
LJH
L’Amourier - 51 pages, 58 FF

Bains de mère Par Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°34 , avril 2001.
LMDA PDF n°34
4,00