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Domaine français Les chiens savants

avril 2001 | Le Matricule des Anges n°34 | par Nathalie Dalain

Le deuxième roman de Nicolas Rey adapte virilement les poncifs de la littérature féminine en vogue. Encore un Prix du Flore à éviter.

Un phénomène pour le moins inquiétant s’est emparé de la presse ces dernières années. Calqués sur les magazines féminins, des revues s’adressant au public masculin ont vu le jour, transposant les problèmes ovariens des ménagères de moins de cinquante ans sur les calculs rénaux des célibataires atteints d’alopécie précoce. Le concept ayant fait recette, il était à craindre que celui-ci ne s’étende par delà les kiosques. Grâce à La Mémoire courte, deuxième roman de Nicolas Rey, c’est chose faite. Ayant inéluctablement constaté combien la nouvelle littérature féminine constituait un créneau exploitable, le fringant écrivaillon a trouvé l’astuce imparable : présenter au lecteur ses caleçons sales, à défaut d’anecdotes menstruelles. La Mémoire courte relate donc les errances de Gabriel, trentenaire résolument trash, puisqu’il est alcoolique, fait usage de la cocaïne, pratique avidement le coït et vomit à son travail. Ce héros contemporain est saisi d’un doute existentiel le jour de son mariage avec une certaine Sophie, à qui il a demandé la main après l’avoir « enculée ». Ce détail glamour permet d’ailleurs à l’auteur une esquisse d’anaphore : « C’est toujours classe de mettre bien profond une fille qui fut très bonne élève en classe de CM2 ». Angoissé par son engagement, Gabriel « tomb(e) malade » car « l’horreur possède un double fond ». C’est ainsi qu’il s’éprend d’une pharmacienne, écume les boîtes de nuits branchées en quête de proies à forte poitrine, met son couple en déroute et s’imbibe de vodka. Le traitement de ce passager court-circuit neurologique passe en revue moult clichés, mais le plus pathétique ne se situe pas là. En effet, du caractère des personnages principaux, en passant par les saynètes exposées et le style narratif, tout l’ouvrage n’est qu’une balourde copie de Mesdemoiselles Despentes and Co. Ce que Nicolas Rey semble omettre en présentant un tel ouvrage, c’est qu’un personnage masculin qui n’aspire qu’au sexe facile, à la consommation effrénée de stupéfiants et aux remarques misogynes ne constitue en rien le pendant des figures traversant cette dite littérature. Là où les jeunes femmes écrivains choquent ou parfois innovent, Nicolas Rey s’embourbe dans les clichés beaufisants et réactionnaires. Il paraît oublier à chaque ligne que si ces femmes usent tant du fiel et de la violence, c’est justement pour contrer cet archétype, que l’auteur exhibe comme une saillie subversive. Cet amas de clichés graisseux est secoué cycliquement par des spasmes poétisants, afin de laisser entendre que derrière sa veste Kenzo, Gabriel a un petit cœur qui saigne. Mais face à des « Il a rejoint Denis pour une autre chanson, un peu plus triste et sereine que les autres. Ils se sont rapprochés jusqu’à mes dernières gouttes de sperme », la seule chose que l’on se doit de constater c’est que si la chair est lasse, la bibliothèque n’a pas tellement été consultée. Entre des états d’âmes mignards et un récit peuplé de poses empruntées à ses consœurs, Nicolas Rey crée avec La Mémoire courte un nouveau genre. Où après être passé au tamis, les romans féminins contemporains auraient perdu toute substance, ne laissant après l’affinage que leurs plus insipides composants. Ces piètres résidus seraient ensuite soumis à une injection de testostérone, avant d’être livrés à l’étal du libraire. Le roman homminin est né. Souhaitons-lui une mort prompte.

La Mémoire courte
Nicolas Rey
Au Diable Vauvert
192 pages, 75 FF

Les chiens savants Par Nathalie Dalain
Le Matricule des Anges n°34 , avril 2001.
LMDA PDF n°34
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