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Théâtre Un DD très dada

septembre 2001 | Le Matricule des Anges n°36 | par Laurence Cazaux

Du lard à l’art ou comment à partir du "Cochon d’Ingres" ou du "Sein doux", le lecteur se pose la question de l’objet de lard. Un Duchamp peut en cacher un autre.

Duchamp Duchamp - Du lard à l’art

Odile Darbelley et Michel Jacquelin nous font une vraie-fausse révélation : Marcel Duchamp serait en fait le « frère secondaire de Duchamp Duchamp », surnom donné à André Duchamp « patron d’A l’Ard, la boucherie charcuterie de Blainville ». En inventant ce DD, ce faux-frère de Marcel Duchamp, les deux écrivains nous invitent à un voyage loufoque, vivifiant et très questionnant sur le rapport à l’art.
Ce livre est un objet difficile à classer, comme l’est sûrement leur spectacle Un lièvre qui a des ailes est un autre animal qu’ils viennent de jouer au Festival d’Avignon. Un spectacle constitué d’un ensemble de trois pièces, d’une exposition et d’un cycle de conférences.
Le livre serait donc un complément permettant de goûter pleinement cette manifestation. Du lard à l’art est donc la retranscription d’une conversation tenue lors d’un dîner imaginaire avec plusieurs spécialistes de Duchamp Duchamp. On y trouve en plus du texte, beaucoup de photos, d’illustrations et d’allusions gastronomiques, comme cette recette des pieds de cochon à talon aiguille.
Le plaisir du lecteur provient de la liberté d’invention des deux complices qui se permettent avec énormément de plaisir et de fantaisie de mélanger allégrement réalité et fiction. En faisant preuve de cette liberté que prônait de fait Marcel Duchamp (il a, entre autres, créé une société d’artistes indépendants à New York qui avait comme devise : Pas de jury, pas de prix), les deux auteurs lui rendent un bel hommage et font réentendre son humour et ses idées, comme celles d’autres créateurs du siècle, par exemple l’écrivain René Daumal.
Mais derrière le sourire que provoque Marcel Duchamp, il y a une invitation à changer de points de vue. Voici un aperçu, un échantillon du texte : « Marcel Duchamp a dit : ’’C’est le regardeur qui fait l’oeuvre d’art’’, DD a ajouté : « C’est le regardé qui fait l’artiste », et j’en remets une couche en disant : « C’est le souvenir qui fait l’oeuvre d’art. » » En dissertant autour des notions de land art, de post-restant ou d’art brut la part belle est donnée à l’invisible, à l’incertain et à l’imaginaire. « Voir n’est pas le plus important. Jochen Gerz, par exemple, a fait un mémorial invisible. Il est venu avec ses étudiants, la nuit, enlever les pavés de la place de Sarrebrück et graver en dessous le nom des
2 160 cimetières juifs d’Allemagne, avant de les remettre en place. C’est un geste politiquement lourd, qui a fait scandale alors qu’il n’y avait rien à voir. Donc le geste et la connaissance du geste souvent suffisent, on est vraiment dans le conceptuel… L’intérêt c’est de produire quelque chose qui ne soit pas visuel, dans notre époque d’images, de muséification… »

Marcel Duchamp a inventé le « ready-made », un objet manufacturé, modifié ou non, promu au rang d’objet d’art par le seul choix de l’artiste. Duchamp Duchamp lui pousse plus loin la démarche en inventant le « living ready-made ». Peut-être cela a-t-il à voir avec un curieux objet théâtral, drôle et sérieux à la fois, mais qui ne se prendrait pas pour autant trop au sérieux…

Un DD très dada Par Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°36 , septembre 2001.