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Poésie Petite presse belge

décembre 2001 | Le Matricule des Anges n°37 | par Pierre Hild

En marge de l’édition industrielle, Microbe transmet la parole d’écrivains se méfiant de toute raison sociale. Une voie pour d’autres voix, sans prétention.

Recueil sans titre pour poèmes titrés

Les éditions Microbe publient de petits opuscules, photocopiés, agrafés, protégés d’un calque. Sous la responsabilité d’Éric Dejaeger et de Paul Guiot, depuis Pont-à-Celles en Belgique, elles tentent sur ce mode de faire passer à quelques-uns la parole « simple, lisible, peut-être intelligente mais surtout pas intello » de quelques-uns. Pour cela, une mise en garde taillée à la hache prévient les V.R.P. d’une poésie dorée sur tranche : « Les petits zoiseaux resteront donc dans la nature, les feuilles mortes au pied des arbres et les abstrusités dans les grimoires » ; un slogan dérisoire poursuit le mouvement « Microbe vous prend à la gorge ou vous surprend autre part. Au choix. » On se sent près du travail qu’effectuent Gros textes ou Les Carnets du dessert de Lune. Illustrant cela, les dernières livraisons offrent le tir groupé d’un trio de la marge : trois poètes américains, fils illégitimes d’une bohème américaine qu’on dira vaguement beat pour poser un décor.
Catfish McDaris a l’habitude de « lire avec des cornettistes de jazz… il est dynamique, grossier, excessif… » dit Daryl Ranson, poète et bibliothécaire à Milwaukee. Depuis les « vapeurs de fumerolles de marijuana et Hendrix », il trace une oeuvre que des boules d’angoisse poussent à une exécution rapide : de grossiers brossages d’une autobiographie bouleversante. Il a l’art du titre incongru -La vie est une crotte de nez sur une olive dans mon martini- ; ses lâchers d’écriture font mouche : « Je porte ma machine à écrire/ dans la mansarde/ avec 30 revues/ me verse un verre / d’oubli et regarde/ par la fenêtre ».
Comme le troisième, Gérard Locklin est évoqué par Charles Bukowski qui le tenait pour « l’un des grands écrivains inconnus de notre époque ». Toute aussi libre et crue, sa poésie glisse souvent plus ouvertement vers la prose -comme le dernier texte Un week-end au canada. Ici, derrière « le vent mugissant dans les trous du cul », on évoque le « désespoir tranquille » de Thoreau. Souvent hilarante -on recommande le Comment bien s’entendre avec Charles Bukowski, poème-manuel en huit points-, sa poésie tente de « saisir (des) point(s) » que « les poètes… tellement occupés à chercher des poèmes » ne saisissent pas. L’un de ces points, c’est sûrement la vie et son partage.
Dernier de la série, A.D. Winans a été l’ami de Bob Kaufman et dit partager la philosophie du poète Jack Spicer selon qui la poésie est « un agent étranger, un parasite qui envahit le langage du poète et exprime ce qu’elle veut dire. » On sent en lui l’influence des poètes zen et les vibrations d’un jazz bien libre. Son regard et sa langue coupante se portent surtout sur l’ordinaire d’une pauvreté des rues et des quartiers. « J’ai passé bien plus d’une soirée assis/ à regarder des vieillards manger leur dernier repas/ un oeil sur le dessert et l’autre/ sur la rubrique nécrologique. »
Sorte de relais de la petite presse américaine et de son milieu underground, Microbe donne là une livraison décapante. À sa lecture, on est comme lavés de postures d’écritures confites et courantes. Bukowski, à propos d’A.D. Winans, livre un peu de la grâce bancale et outrancière de cela : c’est l’oeuvre de quelques-uns qui ne se « comporte(nt) pas comme un écrivain et ne pense(nt) pas continuellement à (eux) comme un écrivain ». Une autre manière d’écrire, bien occupée du plus vif du vivant.

Maow-Miaou
Catfish McDaris
Recueil sans titre
pour poèmes titrés

Gérard Locklin
City blues
A.D. Winans
Traduits de l’américain
par Éric Dejaeger
Microbe
(Launoy 4 - B-6230 Pont-à-Celles)
3,81 chaque (25 FF)

Petite presse belge Par Pierre Hild
Le Matricule des Anges n°37 , décembre 2001.
LMDA PDF n°37
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