Un livre

Bleu cobalt

de Laure Fardoulis

Editions Joëlle Losfeld

La phrase soyeuse et dentelée de Laure Fardoulis est accolée à la beauté. Elle pourrait prendre la pose dans un salon d’honneur si elle n’avait la délicatesse de ces élégantes qui soupirent distraitement au balcon. À la posture, Laure Fardoulis préfère la présence. Elle prend soin d’éventer son étoffe. Une âme transpire à travers le tissu de son roman Bleu cobalt, rédigé en hommage à l’Anglais David Hockney, le peintre de l’adolescence consumée dans les étés californiens. Roman de raccommodage, plein de douceurs et de fragilités, son récit est une tentative pour ravauder un amour. Pour revenir « au point culminant d’une innocence, celle d’un trajet non effectué ensemble, saluer la poétique des chemins parallèles mais inconnus, parcourus avec insouciance, comme si nous étions restés les enfants de la nuit ». Cet amour fut celui de Thomas, camarade de classe puis de vie. Réapparu par hasard après vingt ans d’absence sur une place de Villerville, en Normandie, il lui inspire ce désir de partage : « Je voudrais te raconter ce qui est advenu ». C’est l’enjeu de ce livre de remémorations, aux élans désordonnés comme les sursauts d’un songe agité. Des figures connues ou anonymes traversent cette évocation : l’énigmatique Gérard Lebovici, Marco le « prince révolutionnaire », Léo le tagueur. Des visages ensevelis dans l’oubli, des amitiés escamotées, des amours épisodiques resurgissent. Lisbonne, la ville aux sept collines, accueille ce paysage intime reconstruit durant six mois de réminiscences. Fille de l’écrivain Michel Fardoulis-Lagrange, auteur l’an dernier d’un premier roman nostalgique (La Piscine Molitor), Laure Fardoulis poursuit son équipée à rebours, &a

Bleu cobalt
Laure Fardoulis
Éditions Joëlle Losfeld
94 pages, 12 € (80 FF)