Sigila N°9
Que peut-il y avoir de commun entre marranes, morisques (juifs, musulmans convertis de force au catholicisme) initiés afro-brésiliens, républicains espagnols réfugiés en France, Mallarmé, Philippe Jaccottet, Nino Júdice et une surréaliste schizophrène ? Non pas le goût du secret, mais l’obligation de le préserver. C’est ce qu’analyse le dernier et transdiciplinaire numéro de Sigila. Le mot secret vient du latin « secernere », trier, séparer, mettre à part, le terme ségrégation, séparer du troupeau lui est apparenté. Le porteur d’un secret est coupé de la masse, et se regroupe dans une micro-société pour en assurer la conservation. La contribution la plus remarquable de ce brillantissime numéro est due à la psychanalyste Lya Tourn qui démontre comment le secret passe outre les injonctions de la cure psychanalytique dans une dictature. En parallèle, elle explique comment les premiers secrets de l’enfance permettent d’accéder à l’altérité et ce grâce aux premières expériences anales (garder/donner) et orales (manger/cracher). Dans la préface, l’historienne Madeleine Rébérioux recommande aux acteurs de la vie civique de toujours exiger la transparence de notre société.
Sigila No9, revue franco-portugaise sur le secret 238 pages, 15, 25 € (21, rue St-Médard-75005 Paris)