Le dimanche, Pépère accepte la mascarade des transactions affectives avec une lointaine famille de « collatéraux au huitième degré ». La vorace descendance se rétribue de son hypocrite mansuétude en lui soutirant un chèque dominical. Faussement servile, presque amusé par cette « extorsion de fonds », le vieillard, veuf atrabilaire de 85 ans, se venge en souscrivant avec excès aux désastres censés accompagner son déclin depuis la mort de sa femme Denise -une épouse qu’il commémore lors de soliloques vengeurs qui sont autant de pelletées de terre à cimetière sur son cercueil. S’il affecte une consternante surdité, un gâtisme impitoyable, Pépère ne peut pourtant s’exempter de l’affection sincère du « petit binocleux », 11 ans, l’un des fils de ses persécuteurs du dimanche. Leurs deux voix solitaires se reconnaissent un même écho, admirablement perçu dans Amours posthumes de Sandrine Soimaud, 37 ans, auteur de la fiction À peine perdue en 1998. Son récit restitue brillamment l’harmonie des sonorités, a priori dissemblables, de la vieillesse et de l’enfance.
Amours posthumes
Sandrine Soimaud
Verticales
256 pages, 17 €
Domaine français Amours posthumes
novembre 2002 | Le Matricule des Anges n°41
Un livre
Amours posthumes
Le Matricule des Anges n°41
, novembre 2002.