Forum de la déraison, ce recueil de onze nouvelles est un tableau noir et orageux à la gloire de ceux qui ont un grain. Dans sa préface, sous l’égide d’Érasme et de Nijinsky, Bénédicte Heim pose la question de savoir où et comment se tracent les territoires de ceux qui ont perdu « le langage de la tribu ». La contribution de Chloé Delaume (La Coxalgie du nénuphar) se démarque par sa richesse référentielle et les contorsions de la syntaxe : « La première vous avez princesse au petit pois plutôt plume il est vrai trônés sur la paillasse. » L’auteur du Cri du sablier manipule la cartographie de la sphère intime pour en dérouler le ruban de Moëbius de la souffrance : « Pulsion territoriale et battements Attila »… À sa suite, les pertes d’identité, les cris intérieurs, les chemins familiaux de traverse, la rage éperdue de vivre exposent autant d’autres folles réponses fictionnelles.Le doute existentiel de Richard Millet explose devant la haine froide et lucide de Dunia Miralles ; l’humour désespéré de Léo Lamarche fait écho à celui de Caryl Férey (Le Syndrome de Glasgow). Ce dernier rappellera quelque mauvais souvenir à ceux qui voyaient la vie en vert.
Les Affolés
Dirigé par Bénédicte Heim
Baleine
191 pages, 13 €
Domaine français Les Affolés
novembre 2002 | Le Matricule des Anges n°41
| par
Gerardo Lambertoni
Un livre
Les Affolés
Par
Gerardo Lambertoni
Le Matricule des Anges n°41
, novembre 2002.