Singe N°2
Singe, « revue contaminée à l’attention des générations futures », porte haut l’étendard de Sade et de Bataille entre éloge de la perversion et volonté de subversion. Pour son troisième numéro, sous la direction de Gérald Bronner, elle retentit des grondements du père, entre autoritarisme et transgression. Ce qui engendre un intéressant questionnement sur le pouvoir et la liberté, illustré par les interviews de deux psychanalystes (Charlotte Herfray, Marie-Magdeleine Lessana), d’Agnès Pierron, spécialiste de théâtre Grand Guignol ou du peintre Manu Poydenot, dont les corps défaits illustrent la revue. À noter la qualité d’écriture, la richesse de l’iconographie (on visite avec les yeux le service du docteur Charcot à la Salpétrière, 1877) d’où émergent de sombres et mortifères pépites. Signalons La Perturition d’une fin du monde de Alexandre Yterce qui se conclut ainsi « Vivre. Apprends du soleil même que le monde est le feu » et J’ai baisé avec le Mort de Marie L. « Larve redevenue larve, du figuré au propre, quelle traversée des sens veniez-vous de faire là, le Mort. Comme j’ai souffert de ne pas vous voir assez souffrir. » Singe, une revue déjà verticale.
Singe N°2, 148 pages, 13 € (Éd. la Maison close, 36, rue du Gal- Leclerc, 54320 Maxéville)