Faire la cloche n’a rien d’une sinécure, mais pour le héros de ce récit raconté à la première personne, il s’agit d’un véritable enfer. Plus forts que les images, les mots de Philippe Lafitte donnent du corps à la galère. Les causes de la déchéance ont finalement peu d’importance. L’esprit ravagé du clochard, un écrivain qui a touché la gloire pour sombrer dans l’alcoolisme et la dope -à moins que cela ne soit l’inverse-, ne parvient plus à dérouler sa vie dans le bon ordre. Mille petites amertumes ont tissé autour du scribouillard un cocon d’infortune. Tantôt acteur, tantôt victime de sa chute, il côtoie les bas-fonds. Reliquat des Trente Glorieuses, anomalie de la classe moyenne, fils des plans sociaux, il observe autour de lui le quart-monde aviné et les autres, ceux qui sont restés « normaux ». « L’alcoolisme est un naufrage et l’amertume un puits sans fond » que l’écriture n’a pas su combler. Mieux vaut circuler, « Chaque pas est cent mille pas. Mille amertumes ».
Mille amertumes
Philippe Lafitte
Buchet Chastel
201 pages, 13 €
Domaine français Mille amertumes
mars 2003 | Le Matricule des Anges n°43
| par
Franck Mannoni
Un livre
Mille amertumes
Par
Franck Mannoni
Le Matricule des Anges n°43
, mars 2003.