Une femme rêvait de voir la mer,/ pas n’importe où, et c’est le drame,/ ou presque, on va comprendre« , ainsi commence ce 6e roman de Philippe Raulet, -qui continue, sans effort, avec une lisibilité étonnante, à faire bouger sur 300 pages une petite famille pauvre (un chômeur, sa femme douce, deux enfants) et quelques personnages extérieurs, bien typés. À partir d’une affiche »de rêve« (une plage en poster scotchée sur le frigo), l’histoire des préparatifs de vacances, au plus près d’un quotidien sinistre, se déroule au fil de courts paragraphes de 3 ou 4 lignes, séparés par des alinéas, et sur le même rythme très fluide, le narrateur qui murmure sans cesse »pitié" dévide une histoire d’amour ado, un fait divers de petite délinquance sordide, enfin une résolution habile de ce drame social aux allures de feuilleton narquois, tendre et complice, de divertissant téléfilm à base de lyrisme populaire et de connivence amoureuse. Rien à voir avec une grande littérature, tout à voir avec un petit roman d’observation finement mené, sans conséquences mais efficace.
Pitiés
Philippe Raulet
Verticales
313 pages, 16,5 €
Domaine français Pitiés
mars 2003 | Le Matricule des Anges n°43
| par
Ludovic Bablon
Un livre
Pitiés
Par
Ludovic Bablon
Le Matricule des Anges n°43
, mars 2003.