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Poches Fort de café

mai 2003 | Le Matricule des Anges n°44 | par Emmanuelle Bal

Café Zambèze

Quelque chose se détraque dans la vie des personnages de Søren Jessen : un fonctionnaire de police s’envole à quinze cm du sol, un noceur se met à avancer au rythme d’une tortue, le beau visage d’une vendeuse de parfums se craquèle, une radiologue découvre des numéros de série sur les os de ses patients… Ces situations surréalistes, dépeintes avec malice, révèlent des angoisses, ici incarnées. Elles rappellent celle du héros du Nez, cher à Gogol, lequel, un beau matin, perd son appendice : même ton innocent pour décrire des situations invraisemblables, même incursion de l’absurde dans le quotidien, assez finement dosée pour que le lecteur continue d’y croire.
Søren Jessen, Danois né en 1963, illustrateur pour enfants, compose là un « livre-jeu » pour adultes. Pour raconter les histoires de ses huit personnages, il procède par épisodes. Au fil des pages, leurs destins s’entrecroisent, ils se rencontrent ou se côtoient sans le savoir. Pièces du même puzzle, ils se rassembleront à la fin au café Zambèze, café ordinaire au nom extraordinaire. La construction du texte, très ludique, propose au lecteur un rôle actif : il peut s’amuser à débusquer des indices reliant les histoires ou à retrouver les mêmes faits sous des points de vue de différents personnages.
Le récit ne déraille pas, il reste crédible parce que le fantastique est enraciné dans le réel. Les personnages continuent de vivre, même si cela paraît très éprouvant. Sans cesse « essoufflés », « surpris », « tremblants », ils doivent « respirer profondément » (l’expression revient régulièrement) pour retrouver l’équilibre. Les personnages sont « pris de vertige », leurs jambes « les lâchent », ils « chancèlent », « trébuchent », « tombent ». Fragiles, ils ressemblent à des marionnettes un peu malmenées par l’auteur, qui semble faire des expériences avec elles, utilisant la toute-puissance de la fiction jusqu’au point de rupture, et parfois jusqu’à la disparition de certains personnages.
Ce roman de jeu nous redit que le roman est un mensonge, qu’il reproduit la réalité mais en en créant une autre. L’un des protagonistes explique ainsi, à propos d’un monde virtuel où il aime aller, « la zone Zoo » : « C’est tellement… bizarre, tellement insensé que je ne peux pas m’empêcher d’y retourner ». C’est bien le sentiment que l’on a éprouve à la lecture de Café Zambèze. Et l’on y reste jusqu’à la fermeture.

Café Zambèze
Søren Jessen
Traduit du danois
par Monique Christiansen
10/18
223 pages, 6,90

Fort de café Par Emmanuelle Bal
Le Matricule des Anges n°44 , mai 2003.
LMDA PDF n°44
4,00