Un éditeur

PetitPol

Record absolu : un même auteur sort cet automne dix-huit titres d’un coup ! Ce n’est pas pour entrer dans le Guiness Book, que l’illustratrice Bénédicte Guettier envahira les rayons des librairies. Il s’agit, en fait, de fêter la naissance d’une nouvelle maison d’édition : PetitPOL. Créée par Paul Otchakovsky-Laurens (POL) et Colline Faure-Poirée (Giboulées-Gallimard), la nouvelle venue mènera une politique d’auteurs qui consiste à mettre d’un coup plusieurs titres sur le marché. Pour qui a lu les ouvrages que Bénédicte Guettier a réalisés depuis 1991 pour Giboulées (Gallimard), L’École des loisirs, Casterman ou Thierry Magnier, le choix des éditeurs de commencer par elle, n’a rien de surprenant. Ludique et impertinent, son travail prend le livre, non pas comme support, mais comme aire de jeu, d’expérimentation, de découverte. Des livres comme Rototo ou La Crotte de Tsé-Tsé (École des loisirs, 1999 et 1998), qui s’adressent aux tout-petits, jouent à la fois sur la forme (celle d’une tête de tigre ou d’une crotte…) et sur l’interdit (la peur et le caca). On avait salué ici (Lmda N°33), l’excellent Bén Gue dessine comme un cochon (Giboulées) où comme en un double miroir, l’auteur en cochon, gribouillait (et trouait même) ses pages avec un plaisir vivifiant.
Née à Paris en 1962, Bénédicte Guettier, après L’École supérieure des arts appliqués et celle des arts graphiques, dessine pour la presse (Biba, notamment et « tous les magazines qui prenaient des illustrateurs » ou une revue comme VST). Elle dessine bon nombre des couvertures des romans policiers que publie Philippe Picquier. Elle entre en littérature jeunesse avec Amandine et Petit Lion (École des Loisirs, 2001). Depuis, on ne compte plus ses parutions, avec des séries comme celles de Bon appétit… (Casterman), de L’Âne Trotro (Gallimard) ou des albums plus graves comme Trognon et Pépin (École des Loisirs). Elle-même ne saurait dire exactement combien elle a sorti de titres : plus d’une centaine. Avec son gros trait noir et ses couleurs vives, l’illustratrice retrouve une spontanéité enfantine pleine de malice. Elle s’attaque aux petits interdits en jouant de légers décalages qui perturbent l’ordre attendu des choses. De cet écart naît la complicité entre le livre et son lecteur.
Mais Bénédicte Guettier ne se contente pas de dessiner ou écrire, elle va jusqu’à façonner la maquette de ses livres dans du carton-plume. Ainsi de quelques projets qu’elle a montrés à Paul Otchakovsky-Laurens lors du déjeuner proposé par Colline Faure-Poirée son éditrice chez Giboulées. Séduits, les deux éditeurs lui ont dit banco et confié par la même occasion la réalisation du logo de la nouvelle maison d’édition. Le 23 octobre, les lecteurs découvriront ainsi une série de douze animaux (« Les p’tits caractères ») qui s’exprimeront dans des bulles de B.D. et un personnage Popaul (six titres) pour lequel l’artiste a délaissé le gros trait noir au profit des...