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Théâtre Chamboule-tout

septembre 2003 | Le Matricule des Anges n°46 | par Laurence Cazaux

Ne plus avoir peur de vivre, comment ça marche ? Tentatives, plus ou moins réussies, de Claire et de ses « relations ».

Les Relations de Claire

Dea Loher est née en 1964 à Traunstein, une petite ville de Haute Bavière. Après des études de philosophie et de littérature allemande à Munich, elle voyage un an au Brésil. Puis elle s’installe à Berlin en 1990 et s’inscrit au cours d’écriture scénique de l’École des Beaux-Arts, où enseigne Heiner Müller. Sa première pièce, L’Espace d’Olga est immédiatement publiée. Elle obtient en 1992 le « Playwrights Award » du Royal Court Theater de Londres. L’œuvre de Dea Loher sera par la suite régulièrement récompensée par des prix, comme si cette écriture avait d’emblée trouvé un lien d’évidence avec le public.
Les Relations de Claire démarre par une voix off qui nous donne la lecture d’une notice d’utilisation d’un fer à repasser des usines Le bon choix. Sept lignes plus tard, la notice dérape. L’utilisateur est convié à acheter autant que possible du linge infroissable et à arrêter le repassage afin d’éviter varices, tendinites, courbatures et surtout en vue d’améliorer le climat conjugal. Scène suivante, apparition de Claire. Elle écrivait des modes d’emploi pour des appareils ménagers, en plusieurs langues et elle vient de se faire licencier. Elle sait ce dont elle ne veut plus. Et elle en vient à imaginer le chômage comme la possibilité de chercher le mode d’emploi de sa vie : « Où est ma place et quelle est ma contribution à la résolution des problèmes qui vont nous occuper, disons, dans le millénaire à venir. » Ce licenciement va être le déclencheur d’une série de bouleversements, pour Claire, mais aussi pour son entourage. Par effet papillon, tous vont changer de vie. Toutes les entreprises destinées à se rassurer vont exploser, les failles vont apparaître. Comme pour sa sœur Irène qui avait épousé Gottfried comme une assurance-vie : « Dans un mariage avec Gottfried/ rien n’arriverait/ rien d’imprévisible, d’excitant, de bouleversant,/ et c’était pour moi un grand soulagement (…)  ». Cette illusion de pouvoir maîtriser son existence va être réduite à néant. Claire et ses relations se jettent dans l’inconnu, se mettent en danger et foncent aussi dans les murs. Dea Loher joue à nous surprendre. Ses personnages ont des impulsions de dérèglement imprévisibles, drôles le plus souvent par l’énorme décalage qu’elles produisent. Claire nous est présentée par sa sœur comme pensant toujours à l’envers, « comme si elle vivait sur l’autre moitié de la planète ». Cette pensée à l’envers va donc chercher à s’exprimer, la dramaturge usant de beaucoup d’humour et de tendresse envers les désirs, les dérives ou les désespoirs de tous ses protagonistes. Ainsi cette scène de rupture, irréelle. Ayant reçu un beau cœur tout rouge de la taille d’un melon en cadeau, Élisabeth, enseignante à la retraite, demande le remboursement de cet objet à son ex-ami. Elle pensait en effet pouvoir jeter le cœur à ses pieds pour qu’il explose en mille morceaux, mais elle lui démontre que ce cœur est incassable puisqu’elle le jette par terre, sur les murs, l’armoire, le plafond… le cœur restant collé quelques secondes avant de s’écraser comme une motte et de reprendre forme. Un cœur en latex mais qui parviendra lui aussi à clignoter timidement. Le cœur, endroit présupposé où logent les sentiments, fil rouge de toute cette pièce qui ressemble à un grand jeu de chamboule-tout, aux aguets du moindre signe de vie.

* La création française des Relations de Claire aura lieu le 16 octobre au Théâtre du Point du Jour à Lyon dans une mise en scène de Michel Raskine. Le spectacle tournera ensuite le 5 novembre au Théâtre de la Ville à Paris, le 27 novembre au Théâtre du Nord à Lille et le 6 décembre à la Filature à Mulhouse.

Les Relations de Claire
Dea Loher
Traduit de l’allemand par
Laurent Muhleisen
L’Arche
94 pages, 9,50

Chamboule-tout Par Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°46 , septembre 2003.
LMDA PDF n°46
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