Arsenal N°8/9
Après avoir consacré ses trois précédents numéros aux littératures italienne, portugaise puis japonaise, Arsenal traverse l’Atlantique et met le cap cette saison sur les USA. La revue nous propose un choix de 21 poètes américains, dont certains « se connaissent entre eux, d’autres non et partagent tous néanmoins un intérêt pour le langage comme terrain de jeu, comme surface où l’on dérape, comme »laboratoire central« ». Élaboré et traduit en partie par Olivier Brossard, ce dossier propose des poèmes inédits de John Ashbery, dont ses étonnants « aperçus désagréables » où il raconte ses voyages dans plusieurs vies : « Suite à ma chute du seizième étage on recolla mes os avec amour. On me transporta à l’intérieur d’une magnifique maison de poupée et l’on m’allongea sur un récamier jonché de coquelicots écarlates. Mon navire avait accosté, façon de parler. » Errances dans les contrées sauvages de l’imaginaire se retrouvent aussi chez Anselm Berrigan et Macgregor Card, qui revisite en poèmes les ritournelles enfantines : « Voilà que je chante une chanson idiote, comme un aide piéton en ville quelque part ». À retenir aussi, entre autres, les noms de Peter Gizzi dont un recueil, Revival, a paru récemment chez cipM/Spectres familiers, et de Camille Guthrie dont « La Fille dans la machine » traduit en mots les soubresauts de la chaise électrique. Parmi les auteurs français, apparaissent les noms prometteurs de Patrick Chatelier, Morgane Tassel et Thomas Barbey, dont il faudra suivre le travail de très près. Encore un numéro qui fait d’Arsenal l’une des figures de proue, avec Action poétique, des revues de création contemporaine.
Arsenal N°08/9 318 pages, 20 € BP 21014 29210 Brest cedex 1