Dans Toutes sortes de formes sont photographiées en couleur des scènes de rue dans lesquelles il faut retrouver des formes géométriques (rond, carré, losange…) mais pas seulement (étoile, cœur…) cachées dans un dessin, un motif, un objet ou une structure architecturale, par exemple. Dans cet album de la photographe américaine Tana Hoban, rien n’est le fruit du hasard : le format à l’italienne permet une vue d’ensemble de la double page (une photo par page). Les choix et rapprochements des photographies, dénuées de légendes, résultent d’une recherche pertinente de la part de l’auteur. On confronte les photographies, on complète la recherche des détails… Si l’aspect ludique et pédagogique est clairement affiché, il n’en demeure pas moins que Toutes sortes de formes interpelle par ailleurs l’imagination du lecteur et l’incite à une autre lecture, plus poétique cette fois. Tana Hoban nous mène in fine dans une autre dimension. La progression à la lecture de son album oblige à un rythme lent, comme celui d’un promeneur immobile. On feuillette Toutes sortes de formes comme si on avait pour nous « capturé » des instants (instantanés) fixés sur pellicule, comme on pourrait imaginer par exemple le moment où, observant une scène, les yeux clignent, ce moment où les paupières sont closes et fait que des choses échappent à notre regard. C’est ce temps infime que Tana Hoban a saisi, le temps d’un déclic comme spontané et qui fait la poésie de cet album, une poésie du temps qui passe.
Toutes sortes de formes
Tana Hoban
Kaléidoscope
Non paginé, 12,50 €
Jeunesse Déclics
avril 2004 | Le Matricule des Anges n°52
| par
Malika Person
Déclics
Par
Malika Person
Le Matricule des Anges n°52
, avril 2004.